L'église de Pérignac (17)

en SAINTONGE

Texte intégral de Charles CONNOUË
Photos de Alain DELIQUET



PÉRIGNAC

Commune du. Canton de PONS (à 8 kilomètres au Nord-Est de Pons et à 26 kilomètres de Saintes)



L'église de Pérignac, dédiée à Saint Pierre, est un fort bel édifice qui date du XIIe siècle (de 1175 précise Ch. Dangibaud). D'importantes parties, le chevet notamment, ont été reconstruites ou terminées au XIIIe. C'est un des meilleurs ouvrages de la période de transition que possède la Saintonge.
Justement célèbre, cette église occupe un bon rang dans la série de nos beaux monuments régionaux, mais elle s'écarte du type habituel Saintongeais. Elle est de la famille assez rare des façades carrées et rappelle par son ordonnance et son style Notre-Dame de Poitiers.



Au-dessus du portail refait au XVe siècle se développent deux magnifiques arcatures qui occupent toute la largeur utilisable.

PÉRIGNAC (17)

 Situées immédiatement l'une au-dessus de l'autre, elles ne sont séparées que par une mince corniche à modillons et constituent l'essentiel de l'harmonieuse décoration de cette façade.
La galerie inférieure est une suite régulière de treize compartiments en forme de niches. Les cintres légèrement brisés, sauf celui du milieu un peu plus large, s'appuient sur de fines colonnettes à chapiteaux séparées par un étroit pilastre. Ces treize niches abritent — chose à peu près unique dans l'Ouest — les statues en pied du Christ et des douze Apôtres. Toutes ont été décapitées en 1843. Cet excellent ouvrage de sculpture a été attribué à un atelier Languedocien de passage dans la région vers 1150. La plupart de ces statues sont debout, quelques-unes sont assises et la première à gauche avec ses jambes croisées semble exécuter un curieux pas de danse. Les cintres de ces niches semblent avoir été, après coup, découpées en larges dents-de-scie pour en faire des arcs polylobés.



L'arcature supérieure a son centre occupé par une grande fenêtre romane dont le cintre, qui dépasse largement les autres, est garni de têtes de chevaux d'une bonne exécution, curieux motif qui ne se retrouve qu'à Saint-Quantin-de-Rancannes, où il est autrement disposé et à Saint-Fort-sur-Gironde. Cet arc remarquable est complété par un large cordon orné des six Vierges sages et des six Vierges folles.


Photo Jacques MOSSOT

De chaque côté de cette fenêtre se développe une galerie à quatre compartiments renfermant une série de grandes statues représentant d'après les uns des Saints et des Saintes, d'après les autres les Vertus écrasant les Vices. Ces statues curieusement disposées dans leurs niches en plein-cintre sont remplacées dans l'arcature de droite par des blocs de pierre, preuve que, dans nombre de cas au moins, les statues étaient exécutées sur place. Celles-ci, par suite d'événements imprévus et graves, n'ont pas été terminées.


Photo: Jacques MOSSOT

Le haut du mur plat de la façade, est orné dans son milieu d'une Vierge dans une gloire en amande soutenue par deux anges, le tout en demi-relief.
Un portail plus petit, aujourd'hui muré, existe sur le côté méridional de la nef. Trois voussures en plein-cintre à claveaux nus encadrent un arc polylobé. Les chapiteaux à crochets qui couronnent les colonnettes des pieds-droits forment un élégant bandeau décoratif.
Le chevet carré de l'église de Pérignac offre, comme la façade un aspect très particulier. Couronné de deux pignons triangulaires (trois autrefois), il est percé de trois forts beaux oculus en entonnoir surmontant cinq longues fenêtres romanes, groupées 1, 3, et 1, séparées par des contreforts à profils inhabituels.

Le clocher dénué d'intérêt, ajouté ultérieurement, est une très simple et petite construction sans rapport avec le reste de l'édifice.

PERIGNAC (17)

L'intérieur de ce monument est digne de l'extérieur.
Sans doute y retrouve-t-on le même amalgame de deux époques puisque toute la partie antérieure jusqu'au chœur est de la fin du XIIe siècle, tandis que la partie orientale est du XIIIe, mais le même caractère d'ampleur et d'élévation s'y manifeste, accusé encore par les sept marches qui sitôt la porte d'entrée descendent dans la nef.



Celle-ci ne comporte que deux travées, mais de vastes dimensions et le vaisseau qu'elles créent haut et très dégagé est d'un fort bel aspect. Des massifs de trois colonnes élancées se terminant par d'intéressant chapiteaux séparent les travées.

PERIGNAC (17)

 L'ornementation des tailloirs est continué sur un cordon qui fait le tour de la nef et contourne les cintres de» quatre fenêtres. Ces fenêtres sont, ou ont été, ornées de colonnettes d'angles dont les chapiteaux accusent pour la plupart le XIIIe siècle.
La  nef voûtée en ogive est séparée du sanctuaire par un grand  arc brisé  reposant sur   deux   massifs  qui  saillent   légèrement  à   l'intérieur  de  l'édifice.   Les  colonnes  de  ce massifs  sont  ornées  de   beaux   chapiteaux  romans.
Le   sanctuaire   comprend   trois   doubles   travées   accolées,   toutes   voûtées   en   ogive huit voûtins sans  clé.  Les nervures sont reçues  par des colonnes d'angles,  des groupes de colonnes   adossées   et   deux   forts   piliers   cylindriques   qui   se   dressent   de   chaque   côté   de l'abside centrale.
Le mur plat du chevet, devant lequel sont disposés trois autels placés côte-à-côte est percé de fenêtres à lancettes cantonnées de fines colonnettes dont les chapiteaux son ornés de crochets. D'autres fenêtres semblables et gothiques s'ouvrent dans les murs la téraux. Toutes sont garnies de vitraux anciens à motifs géométriques richement coloré!
Les voûtes du chœur ont été refaites au XIXe siècle.
Dans le haut des murs de la seconde travée de la nef, se remarquent deux ouver tures en demi-lune, aujourd'hui murées. C'étaient probablement d'anciennes fenêtre qui permettaient à des religieux habitant des bâtiments contigus a l'église d'assisté aux offices.
Les détails intéressants abondent dans cet édifice qui mérite un long et minutieux examen.
L'église de Pérignac, classée Monument Historique le 21 janvier 1907, a été fortifiée au XVIe siècle. Des meurtrières sont percées dans le haut du mur et des contreforts de façade, ainsi que dans les murs latéraux. Le chevet est garni de nombreuses ouvertures non maçonnées. Ces travaux et les murs criblés de projectiles attestent la violence des attaques subies et l'acharnement des combats soutenus.


____________________Fin du texte de Charles CONNOUË 

Les églises de SAINTONGE
livre II épuisé

édition: R.DELAVAUD (Saintes)

avec leur aimable permission._______________________________

ALBUM PERIGNAC (17) ALBUM sur PÉRIGNAC

Retour ART ROMAN en SAINTONGE

Retour à " Belle Saintonge"


A visiter aux alentours de PÉRIGNAC:

L'hôpital des pèlerins de PONS (***)
Le donjon de PONS

Les sculptures de l'église de COLOMBIERS (*****)

L'église d'ÉCHEBRUNE

L'église d'AVY

L'église de BIRON

2023/AD