L'église romane de COLOMBIERS 

en Saintonge

Photos de Bernadette PLAS et Alain Deliquet.

Le texte intégral de Charles CONNOUË  
"Les églises de Saintonge" (épuisé)
(avec l'aimable permission de l'éditeur.)

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"Site BELLE SAINTONGE"

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COLOMBIERS   Commune du Canton de saintes-sud (à 15 kilomètres au Sud-est de Saintes)

Le village de Colombiers est bâti à l'extrémité d'une chaussée qui traverse la longue et large vallée marécageuse de la Seugne. Ce passage fréquenté dès les temps préhistoriques indique que l'emplacement occupé par l'église a probablement vu se succéder de nombreux établissements religieux.

L'édifice actuel, dédié à Saint-Maclou, remonte au XIIe siècle. La façade a été refaite au XVe. Le clocher qui se dresse sur le chœur est intéressant à plusieurs titres. Élevé sur une base carrée il présente d'abord un rez-de-chaussée carré à angles vifs accompagnés de colonnes. Au premier étage les angles s'arrondissent ; au deuxième ils sont abattus et la tour devient octogonale pour finalement s'effiler en une lanterne pyramidale recouverte d'ardoises.


L'église de COLOMBIERS en SAINTONGE

L'ensemble constitue une élégante et fine construction que flanque au nord une belle tour d'escalier.

L'église de COLOMBIERS

L'abside très courte, demi-circulaire est divisée en six aires égales par des colonnes montant du sol jusqu'à la corniche et reliées en tête par des bandes lombardes.

La nef compte trois travées et demie, cette demie est tout ce qui reste de la première, coupée au XVe siècle par un mur dans lequel a été percée la porte d'entrée ogivale actuelle ornée de quelques moulures. Cette nef était autrefois recouverte d'une voûte en-berceau. On en voit encore une partie au-dessus des murs latéraux ainsi que les départs des arcs qui la soutenaient. A cette voûte de pierre a succédé une voûte de briques à la­quelle aurait été substituée « sans raison » à la fin du siècle dernier une simple charpente et un plafond de bois. Des colonnes adossées à des pilastres recevaient les retombées des doubleaux ; elles délimitent aujourd'hui, les travées. Des arcs en plein cintre réunissent latéralement les pilastres et encadrent d'étroites fenêtres romanes à grand ébrasement. Des chapiteaux ornés de quelques feuillages à peine esquissés terminent les colonnes de la nef.

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Le chœur, qui supporte le clocher, est cantonné de quatre forts piliers de maçonnerie carrés, faisant saillie vers l'intérieur. Des colonnes adossées à ces piliers

soutiennent des arcs à double ressaut surmontés d'une coupole à huit pans sur trompes sans nervures. Le doubleau ouest est surmonté d'un grand arc en plein cintre formant arc triomphal.

L'abside demi-circulaire, voûtée en quart de sphère, est éclairée par trois fenêtres en plein cintre, la centrale seule s'orne de colonnettes aux angles.

Les nombreux chapiteaux du chœur, bien traités quoique manquant un peu de finesse, occupent une place honorable dans l'iconographie Saintongeaise. 


Un « Pèsement des âmes » ; ici Saint-Michel tient une balance qu'un démon cherche à faire pencher de son côté ; l'enfer est figuré par une tête de monstre. 



Parmi ceux-ci il faut citer un « Homme à la jambe de bois » luttant vigoureusement, quoique infirme 

et désavantagé contre un adversaire figurant l'esprit du mal. Un « Homme tirant la langue de deux lions ». 



Une « Tête humaine piquetée par des oiseaux », etc...

L'église est construite non loin d'une source circulaire où ont été trouvés de nombreux outils préhistoriques, signe d'une très ancienne dévotion.

Cet intéressant monument a été classé Monument Historique le 20 Juillet 1908.

En 1242, l'église de Colombiers eut probablement la visite du roi Saint-Louis. Après ses victoires de Taillebourg et de Saintes il se dirigeait, à la poursuite de ses ennemis, vers le Midi lorsqu'il reçut à Colombiers l'hommage du Sire de Pons, lequel abandonnant le camp anglais venait se ranger à nouveau sous la bannière de France.

___________________ Fin du texte de Charles CONNOUË

Les églises de la SAINTONGE

(livre 2 épuisé)

édition: R.DELAVAUD à SAINTES________avec leur aimable permission__________

FAISONS PARLER LES CHAPITEAUX 

de COLOMBIERS (17)



Le tailloir avec l'alternance de palmettes et feuilles lancéolées indique un choix à faire.

A gauche un personnage à genoux, en orant et en atlante qui soutient l'édifice avec ses mains.
Il  soutient l'édifice (l'église) au sens propre et au figuré la communauté (l'Église au sens large).
 c'est le but à atteindre pour cette âme, à laquelle le sculpteur nous invite à nous identifier.

Au centre de la corbeille, un ange effectue la pesée des actions.

A sa droite un le même visage, le même personnage mais sa coiffure est torsadée, indiquant par là l'intemporalité.
Il essaie de faire pencher la balance de son coté avec un bâton dans sa main droite
tandis que de sa main gauche,  il la retient de l'autre coté!!! 

Ce personnage semble hésiter.

L'ange repousse de sa main un personnage maléfique dont la coiffure est également signe d'intemporalité.

Entre l'orant et l'être maléfique il faut choisir.

C'est maintenant que l'on doit agir pour orienter le côté où penchera la balance lors du jugement.

Sous le bras _symbole des actions_ mais en dessous le Malin qui crache les rinceaux qui sont les épreuves.

Le sculpteur a changé les règles habituelles : l'âme n'est pas nue comme d'habitude et surtout
ce n'est pas le Malin qui essaie comme ailleurs de faire pencher la balance de son coté
ici c'est NOUS et rien d'autre que NOUS avec nos actions.
Le sculpteur veut ici faire entendre que nous sommes seuls maîtres de notre destin !

D'ailleurs le visage est identique depuis le début jusqu'à la fin!



L'on revois ici à gauche le personnage qui tient la balance de sa main droite tandis qu'il repousse de sa main gauche 
un "personnage hybride" à tête de Malin
très mécontent 
Celui-ci a corps de lion (malheureusement endommagé) symbole de la force virile.
On peut supposer que c'est sa queue qui en position de maîtrise se termine par des feuillages
ressemblant à ceux que crachait le Malin sur le tableau précédent.

Le sculpteur aura représenté sous forme humaine l'option paradisiaque "l'âme en orant"
et sous forme bestiale l'option mort spirituelle : "l'âme prise par le Malin enfermée dans le terrestre".

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Le tailloir change et devient escalier à gravir pour aller au ciel et le sculpteur offre un intermède floral.

Le sculpteur présente alors un hybride. C'est nous habillé de la force virile qui devons conquérir nos ailes en résistant aux tentations du Malin 
représentées par les rinceaux et feuillages bizarres comme ceux crachés par le Malin au premier tableau.

Si le pilier N-O montre l'objectif à atteindre celui-ci montre comment y arriver.

Le tailloir est à présent fait de rinceaux et indique donc que le thème est celui du combat spirituel.

Le chapiteau de gauche montre trois personnages et un léonin (le Malin en nous)
qui en fait ne sont que différentes facettes inventées par le sculpteur pour nous représenter.
D'abord bien en vue, le vieil homme avec sa barbe et sa chevelure intemporelle.
Le vieil homme est celui qui est prisonnier de ses passions  qui l'écartent du chemin du ciel et ne s'est pas encore converti.

Puis deux personnages: l'un rampant au sol et suppliant l'autre de le laisser jouir et l'autre essayant 
de relever la tête et assainissant un coup pour massacrer l'un.

La main gauche de celui qui rampe est disproportionnée (on la retrouvera plus loin!).

Le personnage à une jambe de bois ce qui fait que sa marche (spirituelle bien sur) est difficile voir entravée.
Une lutte intérieure divise ce personnage.

 Le mal (Malin) se régale des moustaches du vieil homme  .
Les quatre personnages ne font qu'un .

A remarquez la boucle de l'addiction à un vice formée par la hache et le bras suppliant.

Et la boucle opposée avec la main droite sur l'astragale (l'Église) , la béquille et celui qui la suce.

La connotation sexuelle provoquante des pubs ne date pas d'aujourd'hui !

Le chapiteau suivant reprend le même thème de la dépendance aux vices avec comme variante le goût pour la gourde de vin. 

addiction au vice de COLOMBIERS

A gauche un personnage tient dans sa main gauche une corne ( remplie de vin pour s'enivrer)

Le personnage dans l'angle est partagé:
d'un coté il tient à son vice et le montre en tenant la barbe de cette partie de lui-même avec sa main droite (ses actions)
et par ailleurs il écoute la bonne parole des messagers venus du ciel. 

Le sculpteur montre la progression en faisant apparaître des boucles spiralées dans ses cheveux.
Sa conversion n'est pas complète comme le montre sa barbe bifide symbole de son partage entre le péché et la bonne voie.
Une moitié de sa barbe est sous la dépendance au vice et l'autre maîtrisée.

Le tailloir également évolue en montrant un début de spirale dans les rinceaux!

Remarquez la boucle de l'addiction avec les mains et les barbes.

Le personnage suivant entre les deux volatils représente le difficile exercice de la maîtrise de soi.

Remarquez l'évolution des mains (les actions !)

Image précédente l'une tient la barbe de celui qui s'enivre et l'autre ne fait rien, tandis 
que ci-dessus la main longue qui suppliait de pouvoir continuer à jouir est maîtrisée

Remarquez les chevelures qui s'ourlent (évolution vers la spirale : recentration)

Rappel tous ces personnages ne sont qu'un: NOUS


 Le tailloir est à présent un entrelacs magnifique indiquant que les scènes sont orientées vers la vie éternelle.
A gauche le personnage dans les épreuves, montre qu'il est maître de ses actions (les mains) en saisissant les
tentations (du mal ou du Malin) qui d'ailleurs fait la gueule !

Sous un tailloir en marches à gravir, le personnage est coiffé du casque de la foi !
Il reçoit sa nourriture spirituelle venant du ciel.

Le tailloir montre deux thèmes alternativement : des palmettes et des feuilles lancéolées.

Le personnage prend un corps de lion symbole de force virile mais il n'a plus d'ailes et donc ne pourra aller au ciel.

C'est la rechute !

les épreuves

 Le personnage plie un  genoux à terre et ses mains, donc ses actions sont sous l'emprise du mal ou du Malin.
Il se nourrit des épreuves ....

Pour le plaisir quelques portraits 

de ce personnage qui nous ressemble:


Voilà les chapiteaux ont parlé !



Quelques beaux modillons à COLOMBIERS

tresor spirituel
La bourse qui est le trésor spirituel et non celle d'un avare

Le tonneau serait la récompense des ouvriers bâtisseurs
colombes
La paire de colombes, clin d'oeil à COLOMBIERS
reines ou abbesses
La tête couronnée pourrait parler des heures
ane mangeant une hostie
La profanation de l'hostie

L'oiseau pourrait être un réemploi

SITUATION DE COLOMBIERS près de SAINTES:

A visiter aux alentours de COLOMBIERS :

 

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FIN

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