L'église
romane de BIRON
près de PONS
en
SAINTONGE
Texte
intégral de Charles CONNOUË
Photos de
Michel ROCHAT et Alain DELIQUET

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"Site Belle
Saintonge"

(Biron est situé
à 5 kilomètres
à l'est de Pons et à 25 kilomètres de
Saintes)
Autre belle église de la région de Pons qui en
compte tant
d'intéressantes.
L'église de Biron, dédiée à
Saint Eutrope,
a été construite vers la fin du XIIe
siècle, son
chevet est du XIIIe et là chapelle seigneuriale du XVIe.
Elle est remarquable par la qualité de
l'ornementation de
sa façade dont certains éléments sont
en
état de conservation tel qu'on les croirait faits d'hier.
Son clocher octogonal mérite de retenir l'attention
ainsi que le groupe des fenêtres du mur oriental du chevet.
Cette
église a été fortifiée au
moment des
guerres de Religion. Depuis le 21 Janvier 1907, elle est
classée
Monument Historique.
Sa façade offre un bel exemple du style classique
Saintongeais.
Le rez-de-chaussée est occupé par un vaste
portail
flanqué de deux baies aveugles. Un bandeau
réunissant les
chapiteaux traverse toute la façade. Au premier
étage se
développe une arcature de onze baies en plein-cintre, tandis
qu'au-dessus s'élève un pignon triangulaire.
Le portail roman compte cinq voussures relativement peu
ornées,
puisque la décoration n'existe que sur des cordons bordant
les
voussures, mais cette décoration est hors pair. Sur le
cordon
extérieur : lions, chiens, paons, chameaux, faisans, etc. se
suivent en file ; chaque sujet rendu avec une perfection rare. Au
cordon qui encadre la petite voussure on remarque un
évêque, un poisson, etc. Sur le bandeau et les
chapiteaux
: femme poursuivant un homme armé d'une hache ; une
tête hideuse ) (posée exactement au
même
emplacement qu'une tête semblable à
Echebrune,
église voisine) ; Daniel dans la fosse aux lions ; une
luxure
semblable à celle de l'abbaye-aux-Dames à Saintes
; un
chevalier lance en arrêt, etc. Toutes les sculptures sont
d'une
grande délicatesse.
Les arcs des deux baies aveugles sont légèrement
brisés. Les murs latéraux de la nef ont
été
surhaussés au-dessus d'une ancienne ligne de modifions. Des
fenêtres en meurtrière éclairent un
chemin de ronde
qui fait le tour de l'édifice. Il y a lieu de remarquer,
dans la
partie Nord de cet exhaussement, quelques pierres sculptées
en
fleurs et rosaces qui rappellent une ornementation romaine et sur les
cintres extérieurs des fenêtres du chevet,
quelques motifs
qui éveillent l'idée d'œuvres du XIe
siècle.
Cinq marches descendent dans la nef à quatre
travées dont
le sol a été récemment
abaissé. Les
travées sont séparées par des groupes
de trois
grosses colonnes dont la centrale monte jusqu'à l'ancienne
voûte aujourd'hui remplacée par un tillis
cintré.
Les chapiteaux de ces colonnes sont curieusement surmontés
de
doubles blocs en forme de piédestal dont la
répétition sur chaque colonne et au-dessus de la
porte
d'entrée produit un effet, sinon artistique, du moins fort
original. Les autres colonnes supportent des arcs dont chacun encadre
une très petite fenêtre romane
ébrasée
à l'intérieur et garnie aux angles de fines
colonnettes.
Les chapiteaux du côté droit n'ont pas de
décoration ;
ceux du
côté gauche seraient joliment
ornés, si leurs motifs ne disparaissaient sous une
épaisse couche de chaux.
(depuis
l'église à été
restaurée)
La cinquième travée se termine par deux forts
massifs de
colonnes et de pilastres qui étranglent la nef et sont
reliés par un arc en tiers-point à double
ressaut.

(des graffitis ont été
mis à jour)
Deux
massifs plus simples séparent le chœur du
carré,
celui-ci recouvert d'une coupole sur pendentifs est
éclairé par une fenêtre romane
semblable à
celle de la nef. Une de même modèle, existe en
face, mais
elle est murée.
L'abside carrée voûtée en ogive
étoilée prend jour à l'orient par deux
longues
fenêtres surmontées d'une vaste ouverture en forme
de
demi-lune rayonnée. A droite une baie en arc
brisé ouvre
sur une petite chapelle voûtée en ogive et
éclairée par deux fenêtres à
meneau.
Cette église restaurée au début du
présent siècle est aujourd'hui bien
mise en valeur.
Non loin, ont été découvertes et
fouillées
des tombes remontant aux premiers siècles de notre
ère.
D'autres ont été exhumées
dans la commune
voisine de Chadenac, preuves certaines de l'importance historique et
préhistorique de ce haut plateau.
-
____________________Fin du texte de Charles
CONNOUË
Les
églises de SAINTONGE
livre 1 épuisé
édition:
R.DELAVAUD (Saintes)
avec
leur aimable permission._______________________________
Le
cavalier avec son bouclier du XIIe :

 
Le
panneau devant l'église de BIRON:

"FAISONS
PARLER LES SCULPTURES de BIRON
ou pour le moins essayons..."

Un personnage nu (une âme) un genoux
à terre,
tenant
un bâton , (on peut y voir une crosse à
l'extrémité mais cela ressemble plus à
un
bâton ?) entourée de quatre figures:
Deux
monstres sortant du sol et deux visages comme suspendus au-dessus.
En haut celui de gauche avec son
menton se prolongeant en barbe ressemble à un visage dans l'église de LA CLISSE (probablement le sculpteur);
l'autre visage en haut à droite me fait
penser à un sage.
Est-ce
le sculpteur qui s'est représenté avec ses
tentations (le
genoux à terre et les visages démoniaques) et son
modèle (le sage) et le bâton sur lequel il
s'appuie pour l'aider à se relever?

Le visage de LA CLISSE

Le
tailloir indique un choix à faire.
Le visage se nourrit de rinceaux (épreuves dont il faut se nourrir pour marcher vers le ciel ?,
(En
effet le visage n'est pas franchement démoniaque)

Des
oiseaux (les messagers du ciel) dont certains becquettent
ou se nourrissent de
feuillages...

Le combat
spirituel en deux tableaux complémentaires :
A
gauche une âme : mi quadrupède et mi volatile.
Son côté spirituel touche de son aile (spiritualité) la queue (ce qui est enfui dans la profondeur de l'âme) de son côté animal.
Cette âme désire s'élever spirituellement.
Remarquez la pseudo fleur de lys orientée vers la terre dans la volute, indiquant la connotation sexuelle.
A
droite, les forces spirituelles plantent leurs griffes dans les
quadrupèdes qui symbolisent les forces viriles, les
passions et les vices.
Ces derniers indiquent en croisant leurs pattes que ce n'est pas l'animalité qu'il faut suivre.
Les becs infligent des coups et les pattes des volatiles indiquent la maîtrise.
Les gueules sont plus humaine mais avec des oreilles
pointues (l'animalité écoute le Malin et non pas la
bonne parole).
Au dessus la boule
symbolise l'unité retrouvée ou la perfection,
on en est encore loin, mais la direction est bonne et c'est peut-être l'objectif à atteindre!
________________________
La
façade est plutôt tardive :
Les voussures sont décorées discrètement
surtout d'animaux et de monstres :

Cela rappelle l'archivolte de CORME-ÉCLUSE

Vers
l'extérieur un chien, des paons...



Fin
du XIIe, ainsi qu'à
l'époque des cathédrales, le cerf symbolise la cible (le Christ).
Cette
scène représente la chasse spirituelle (la flèche
dirigée vers le cerf).
Le sagittaire symbolise l'homme avec sa complexité animale (quadrupède) cherchant
à s'élever ...

entre le sagittaire et le cerf quelques obstacles :
Une fleur de lys (symbole de pureté) grande comme un arbre, une feuille grasse immense (symbole de vie),
un quadrupède (l'animalité) et encore un arbre plutôt divisé.
Tout un programme !

Le combat spirituel perdu, c'est le
contraire de la symbolique développée
à St Eutrope
(ou ce sont des volatils habitants du
ciel qui prennent le dessus.)
Ici ce n'est plus une corde ( la
communauté) qui retient les passions
( voir le modillon à VAUX-sur-Mer) mais une queue de serpent
qui ne retient rien mais sort de la
bouche et mord le volatile (donc domine)
Cette âme très animale est sous l'emprise du serpent.
C'est une représentation
de l'emprise du mal dans toute sa splendeur!

Cette âme est prise par ses parties
intimes par deux monstres à une seule
tête démoniaque
qui symbolisent
ses passions.
Les queues des animaux l'enserrent.
Probablement
une conversion compromise ou ratée pour cause de
luxure !
Les jambes sont bien
orientées vers le ciel et les mains tentent de contrôler ses pieds (marche vers le ciel),
mais le retournement (la conversion) est bien compromise.

Ses jambes
sont emprisonnées par les pattes et la queue de ses vices
et ses mains dans les gueules des monstres (vices).
C'est
l'anti-maîtrise de ses passions, c'est à
dire l'âme prisonnière du "Malin".
A droite un
personnage, assis, très passif dont les cheveux en forme de feuilles
lancéolées indiquent la nature de son vice.

L'
homme à gauche défèque, attitude opposée
à la spiritualité, il est gagné au "Malin"
Dans
la frise, la représentation d'une créature ou force maléfique, un dragon.
Voilà il y a
encore beaucoup à explorer et dire....
rev 2019
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