L'église romane de MARIGNAC (17) en Saintonge
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Commune du Canton de PONS (à 8 kilomètres au Sud-Est de Pons et à 28 kilomètres de Saintes) Le village de Marignac sur la route de Saintes à Jonzac possède une belle et curieuse église. Dans la région de Pons où abondent les localités abritant des édifices religieux remarquables, ce modeste bourg mérite d'occuper une place de premier plan. L'intérieur de l'église de MARIGNAC est l'un des plus intéressants qui se puisse voir dans la campagne saintongeaise. Son intérêt ne provient pas du nombre des nefs, ni du développement de son vaisseau ou de la multiplicité de ses colonnes, mais de sa décoration, de ses nombreuses particularités et de certains détails d'exécution qui se voient là et nulle part ailleurs. Dédiée à Saint Sulpice, cette église a été construite dans la seconde moitié du XIIe siècle. Restaurée plus tard, mais ayant relativement peu souffert, elle est parvenue jusqu'à nous dans un état de conservation satisfaisant, qu'on voudrait espérer durable (!). Elle a été classée Monument Historique le 13 février 1896. Le clocher massif et carré dresse sur un large soubassement un étage percé sur chaque face de deux élégantes fenêtres romanes. ![]() Celles des côtés Est et Sud ont été rétablies dans leur état primitif et présentent chacune un arc en plein-cintre coiffant une longue ouverture divisée en deux par une fine colonnette. Des colonnes d'angles et une au milieu de chaque face montent jusqu'à une corniche à modillons qui supporte le toit. L'abside demi-circulaire est à l'extérieur richement décorée. colonnes appuyées sur une banquette montant jusqu'à une corniche soutenant un entablement, modillons, bandes lombardes, fenêtres, etc... La variété des modillons est remarquable, comme l'est aussi le fini de leur exécution et... le réalisme de certains sujets. ![]() La même disposition et la même variété se retrouvent sur les deux bras du transept également demi-circulaires. La fenêtre du bras Nord d'un roman très pur, doit retenir l'attention. ![]() MARIGNAC La façade est simple presque sans sculpture, mais n'en comporte pas moins au rez-de-chaussée un très vaste portail à quatre voussures orné de quelques motifs géométriques ; au premier étage une arcature déroule cinq baies en plein-cintre (une seule ajourée) et au-dessus un fronton triangulaire percé d'une petite ouverture coiffe le tout. Cette énumération révèle déjà un ensemble attrayant dont beaucoup d'églises pourraient se satisfaire. Mais l'intérêt principal de cet édifice est à l'intérieur dans son agencement et dans sa décoration. Tout d'abord son plan est remarquable est très rare. Il dessine, en effet, un trèfle parfait; le pédoncule est la nef, le lobe supérieur est l'abside et les deux lobes de chaque coté sont les absidioles qui forment transept. La nef est divisée en trois travées hautes et vastes dont les aires sont délimitées par des colonnes engagées terminées par des chapiteaux bien fouillés. Ces chapiteaux reçoivent les retombées d'arcs doubleaux sur lesquels s'appuyait autrefois une voûte aujourd'hui remplacée par un tillis cintré. Ceux des pilastres supportent des arcs latéraux encadrant de longues fenêtres en tiers-point, tandis qu'à l'occident s'ouvre une fenêtre romane avec colonnettes d'angles. La troisième travée, nouvelle originalité, est ornée d'arcs lombards et au Sud d'une curieuse petite fenêtre bizarrement découpée, relevée de frises et d'un joli vitrail ancien. Une tour d'escalier saillant à l'intérieur, rétrécit la nef et la sépare du carré du clocher. Ce carré est magnifique et constitue la partie la plus remarquable de l'église. Vaste et clair il est recouvert à une belle hauteur d'une coupole octogonale sur trompes; celle-ci d'un élégant aspect, bien appareillée, présente d'intéressants détails, par exemple ses quatre coquilles d'angles. Elle est portée par des arcs en tiers-point s'appuyant sur des massifs de colonnes ornées de beaux chapiteaux. Les arcs parallèles à l'axe de l'église sont d'une facture très spéciale et d'inspiration nettement mauresque. Les claveaux aplatis ont trois de leurs faces arrondies en forme de tores. Ils ressemblent à des volumes empilés dont on verrait les dos. A Chadenac, église voisine, un arc d'absidiole a été exécuté sur ce modèle. Les deux autres arcs tendus dans le sens du transept, d'un dessin très différent, n'en sont pas moins tout aussi exceptionnels et fort curieux. Ils sont doubles, ou pour mieux dire jumelés, chacun reposant sur deux colonnes voisines mais non accolées. De place en place ils sont étrésillonnés par des claveaux longs formant chaînage et laissant entre eux des vides réguliers. Cette disposition est d'un bel effet décoratif. La travée du choeur, fort courte, est éclairée par deux fenêtres en plein-cintre avec colonnettes d'angles. L'abside, séparée du choeur par un arc en tiers-point porté par deux colonnes à chapiteaux, et voûtée en demi-coupole, prend jour par une seule fenêtre semblable à celles du choeur. Les chapelles ou absidioles formant transept, voûtées en cul-de-four, sont éclairées chacune par une petite fenêtre en plein-cintre. Un bandeau sculpté, sorte de frise très élégante, fait à hauteur des chapiteaux le tour de l'abside et des chapelles. Orné soit de personnages et d'animaux entrelacés de rinceaux, soit de motifs géométriques, il complète heureusement l'ornementation générale. Enfin tout le chevet, transept compris, est entièrement peint, même les chapiteaux, le bandeau et les arcs. La nef l'était aussi autrefois, mais elle a été grattée. Ces peintures qualifiées quelquefois de "bariolage regrettable" ne sont nullement disgracieuses. De tons clairs, représentant des fleurs, des arabesques, des draperies même, elles contribuent à la décoration de l'ensemble, font ressortir et mettent en relief les sculptures. Cet effort d'embellissement, ce désir de pousser au plus haut point possible la parure d'une église, rend d'autant plus visible l'état de quasi-abandon dans lequel est laissé ce bel édifice, envahi à l'extérieur par le lierre et les ronces et détérioré à l'intérieur par les gouttières. Si la verdure ne recouvrait pas presque tout le mur Sud on pourrait voir, creusée dans le contrefort qui avoisine la façade, à mi-hauteur environ, une curieuse niche : deux petits arcs en plein-cintre s'appuyant sur deux colonnettes a chapiteaux abritent (si elles existent encore) deux statues en partie mutilées. Sur le contrefort Nord, à mi-hauteur aussi sur le bandeau d'une console, un petit personnage à large robe évasée vient rappeler le « motif d'Avy » localité voisine et mettre en évidence l'étroite parenté des édifices de ce plateau. L'église de MARIGNAC, un des remarquables fleurons de notre Saintonge, est à peu près inconnue, sauf de quelques rares initiés. Par ailleurs (ou peut-être pour cette raison) elle ne reçoit pas des Pouvoirs Publics l'aide qui devrait lui revenir et qu'elle serait en droit d'attendre du fait de ses beautés et en tant que partie intégrante certaine de noire patrimoine national artistique. Fin du texte de Charles CONNOUË__________________________ Les églises de la SAINTONGE (livre 1 épuisé) édition: R.DELAVAUD (Saintes) ____________ avec leur aimable permission.____________ N.B.: Henri Nodet a décrit cette église en 1894 au congrès de SAINTES (bibliothèque de Saintes)
de la nef de l'église de MARIGNAC, du moins essayons..." La plupart ont soufferts et même semblent avoir été martelés volontairement. A gauche le Malin puis des feuilles sortant de l'astragale puis les oiseaux habitants du ciel picorant une feuille à 7 lobes symbole à la fois de renouveau ou de vie et de perfection. Trois feuilles à gauche (que l'on retrouvera sur le chapiteau sud faisant face), A gauche des oiseaux becquetant une feuilles (semblables à ceux du premier chapiteau) , le reste est bien martelé on devine des léonins dont les queues se termineraient en feuillage encadrant probablement un visage ? À droite une créature Maligne semblable à celles qui fuient la lumière dans les fenêtres sud . Voici la fenêtre : les forces maléfiques qui fuient la lumière... Le sculpteur présente la scène principale entre des représentations de feuilles On devine le thème de la bourse autour du cou (symbole du trésor spirituel ) menacé par les léonins (les passions ou vices qu'il entretient) Les positions rappellent celles du deuxième chapiteau. Le personnage fait le grand écart entre le trésor spirituel et les passions "terrestres". à droite le même homme faisant toujours le grand écart Il tient une massue dans sa main droite pour frapper les forces malignes qui en veulent à son trésor spirituel, tandis qu'il écoute une de ses passions qui prend possession de sa jambe gauche ( entrave pour marcher vers le ciel): C'est le combat spirituel qui oblige parfois à faire le grand écart... C'est l'homme divisé. Les léonins, forces mauvaises prennent visage humain, représentation des forces viriles du vieil-homme _ barbu _
A gauche deux feuilles naissant sur l'astragale. A gauche ainsi
qu'à droite des volatiles _les habitants du ciel ou messagers de la bonne
voie_ Entre ces deux scènes symbole de vie Les
2 sirènes sont jeunes et belles mais leurs seins ne sont guère visibles, La position centrale des sirènes entourées des messagers du ciel ne laisse aucun doute sur Les
poissons _symbole christique_sont les
chrétiens "Mais nous,
petits poissons, selon notre Le mot "poisson en grec" serait selon Eusèbe I=
Iésus Le
symbole de l'eau purificatrice et probablement du baptême sont
omniprésents. Ce
n'est pas un hasard si le sculpteur place les oiseaux tête en bas Le sculpteur montre
aussi dans la composition des strates de sujets concentriques (comme des pelures d'oignon) Il y a comme une progression dans le message: le message apporté par les volatils la sirène est ici un symbole très fort .... Remarque:
la sirène entourée de poissons se retrouve souvent sur les chapiteaux, un orant , un pilier de l'église parmi les feuilles grasses orientées vers le ciel (symbole de renouveau = nouvelle vie = résurrection ) Voilà les chapiteaux ont bien parlé Le mythe de la Sirène qui attire les marins vient
de la légende d' Homère
Le mythe de la Sirène maléfique provient probablement du codex de Gellone : La sirène de MARIGNAC ne me semble pas noyer les chrétiens Retour sur image: Ces
sirènes avec trois feuilles dans les cheveux représente peut-être l'Église
Je retient jusqu'à preuve du contraire cette interprétation pour la sirène.
Remarque:
l'église de DIENNE dans le Cantal présente
également sur un chapiteau une sirène avec 3 feuilles sur
la tête,
A propos du "poisson" symbole des premiers chrétiens: La
"Stèle funéraire de Licinia Amias" (source: WIKIPEDIA) Registre
supérieur : dédicace aux Dis Manibus
("Aux dieux Mânes" le dieu des âmes, qui est la formulation usuelle à l'époque) I=
Iésus registre du milieu : représentation de deux poissons et d'une ancre.
La sirène de CORME-ROYAL tient aussi un poisson: ![]() En façade sur la frise des saints et martyrs; c'est la
dernière sculpture horizontale vers la droite comme pour les
protéger du danger
_________________________ FIN rev: sept 2011/rev dec 2013/rev mars 2014/ mars 2015/ avril 2019/2023 |
A visiter aux alentours de MARIGNAC
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