L' église romane de LE DOUHET (17)

en Saintonge

Texte intégral de Charles CONNOUË
Photos de Alain DELIQUET


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"Site Belle Saintonge"

Commune du Canton Nord de SAINTES (à 10 kilomètres au Nord-Est de Saintes)

L'église du Douhet, dédiée à Saint Martial, est inscrite aux Monuments Historiques depuis le 1er Septembre 1915.

Sa façade et sa nef sont du XII e siècle. Son clocher est du début du XVe.


Belle Saintonge

Cet édifice intéressant malgré une certaine lourdeur d'ensemble, n'est pas aussi connu qu'il mériterait de l'être car sa façade est une des plus ornée de la Saintonge.


Le village du Douhet situé sur une voie très ancienne mais écartée est de ce fait relativement peu fréquenté. Il offre cependant de nombreuses ressources au point de vue touristique. (Aqueduc romain, château. Fontaine pétrifiante, anciennes carrières, etc.).

Le clocher, massive construction carrée, a sa plate forme couronnée d'une courte pyramide de pierre, encadrée aux angles de quatre pyramidons à crochets. La nef est abondamment étayée sur son coté Nord par de gros contreforts qui témoignent des inquiétudes inspirées par l'édifice au cours des siècles passés.


La façade, à deux étages terminée par un pignon obtus, présente un vaste portail en plein-cintre encadré de deux baies aveugles. Les voussures de ces trois baies portées par des colonnes (quelques-unes baguées) à chapiteaux très historiés, sont ornées d'une riche décoration. Un bandeau réunit tous les chapiteaux et va d'une extrémité à l'autre. On y peut admirer de nombreuses scènes bibliques et des feuillages d'une belle exécution.

Parmi les divers sujets représentés il y a lieu de remarquer le Christ et ses Apôtres,
un Agneau pascal dans une gloire ronde et peut-être un Péché Originel.


Cette dernière scène est très curieuse. Une femme debout, à laquelle un énorme serpent parle à l'oreille, semble tenir par les cheveux un homme agenouillé à sa droite qui, de la main gauche, lui relève la robe jusqu'au dessus du genou. D'un côté Dieu le père accompagné d'un ange ailé, croise bizarrement les jambes et paraît exécuter un pas de danse. De l'autre un personnage, armé d'un bâton ou d'une épée, en menace la femme.
Au-dessus du rez-de-chaussée et appuyées sur une corniche à modifions. Se développent trois grandes baies dont deux aveugle: portées par des groupes de colonnes à chapiteaux. L'intérieur de l'édifice est particulièrement sombre du fait des fenêtres rares et très étroites. Les quatre travées de la nef séparées par des colonnes demi-engagées à chapiteaux nus sont recouvertes d'une voûte de pierre en berceau.

Le choeur compte deux travées, dont l'une très courte et ses colonnes sont surmontées de chapiteaux à dragons. L'abside demi-circulaire a sa voûte en cul-de-four ornée d'une gloire en grisaille du XVIIIe siècle avec nuages, triangle, rayons etc. Cette décoration était fréquente autrefois. Elle a presque complètement disparu. 


Le chevet, sobrement éclairé par des petites fenêtres romanes, est coupé entre le choeur et l'abside par un mur percé d'un arc en plein-cintre qui porte le clocher.


Deux tableaux, d'assez bonne facture, ornent la nef. L'un de petite dimension, représente Saint Martial, l'autre le Christ sur sa croix.

Une jolie chaire du XVIIIe siècle rappelle l'époque où les évêques de Saintes venaient en villégiature au château du Douhet. Des traces de litre sont encore très visibles sur le portail.

 ______ Fin du texte de Charles CONNOUË

Les églises de la SAINTONGE (livre 1 épuisé)

édition: R.DELAVAUD (Saintes) _avec leur aimable permission.____________________


 "Faisons parler les deux chapiteaux de LE DOUHET"

 

Une des rares représentations du Christ en Saintonge au XIIe, derrière Lui une main en signe d'innocence et probablement le Malin tentateur.

Le sculpteur évoque avec des rinceaux le combat spirituel.

Deux personnages qui ne sont qu'un y compris le félin et le serpent.

Celui de droite bien que petit en taille domine le léonin en le maintenant par la gueule.
Celui de gauche écoute le serpent.
Il tente d'introduire la main de son double dans la gueule du léonin.

Le léonin symbolise la force vitale, plutôt animale qu'il faut maîtriser, elle hante le moine ou le chanoine et le clerc.
Remarquez l'abondance de signe en "V", le signe du bélier _ symbole de vie non spirituelle, celle qui éclot au printemps _

Des têtes -âmes _ emprisonnées dans un ruban _ symbole de la règle ou des commandements _
Remarquez les noeuds

Les dents de scie _ symbole du néant _
Remarquez qu'il n'y a aucune allusion à l'enfer ou à ses flammes sur ces scènes

Le contraire de la vie spirituelle c'est l'animalité qui se concrétise aussi en NÉANT ou en dents de scie
héritage des dents des léonins...

Tel est le thème à gauche du portail

Remarquez la queue du léonin et la peau du serpent, tous deux en succession de "V" 
le signe du Bélier, symbole de vie qui renait au printemps, symbole de vie terrestre, opposée à la vie spirituelle.

Une autre interprétation: ce serait la transposition de la tentation d'Ève, qui écoute le serpent, et essaye d'entraîner Adam,
mais la présence du Christ oblige à penser que le message s'adresse à ses représentants et officiants.


A droite du portail des feuillages orientés vers le ciel exceptés les pseudo fleurs de lys !!
Les pseudo fleurs de lys symbolisent l'opposé de la pureté et de la chasteté.

Puis une scène remarquable qui fait le pendant ou la suite de la scène à gauche du portail.


Un Christ les jambes en "X"pour indiquer que ce qui suit n'est pas la bonne voie.
Ses pieds en opposition montrent l'impossibilité de "marcher vers le ciel" !

De part et d'autre de son visage, probablement les deux voies pour un choix crucial !

Choix entre vie de plaisirs sur terre tels des animaux ou vie de béatitude au ciel avec les anges.

Suivre l'homme terrestre ou l'homme céleste (ou qui ira au ciel), le Christ indique le bon choix!


Et voici la suite: la sculpture montre une femme traînant par les cheveux: un homme !
La femme est plus grande et plus forte que le pauvre homme!
Le serpent aussi le tient par la chevelure .

"Se laisser entraîner par les femmes n'est pas la bonne voie" 

Un message pour le clergé et aussi les fidèles et pèlerins puisqu'en façade.

(C'est une des rares églises de la Saintonge présentant la femme aussi négative)

Autres sculptures du portail :

Un pèlerin

Un abbé tenant son tau et un livre

Attitude de méditation avec les mains qui posées sur les jambes indiquaient le contrôle de la  marche vers le ciel.

LE DOUHET

Descente de croix (rareté en modillon)

C'est l'unique scène des évangiles en sculpture !

LE DOUHET

Grand-Goule (La menace sur un pilier de l'Église, voir l'église d'Échillais)

Le contrôle de la parole. A l'époque la parole est pratiquement le seul média qu'il faut contrôler 
pour éviter de médire, jurer ou répandre des fake-news ..


LE DOUHET

Double couronne; c'est la duchesse Aliénor d'Aquitaine et reine d'Angleterre.

A l'intérieur un intéressant chapiteau :

Non, ce n'est pas l'avare ! La mitre désigne un évêque !

Le trésor spirituel est représenté par une bourse autour du cou, et celui-ci
est en danger, des vices tentent de s'en emparer !
Si c'est en lien avec le message sur la façade, il faut réinterpréter l'ensemble:

Un évêque par son comportement met en danger la communauté

_ il est le représentant du Christ, celui qui en façade a les pieds en opposition
et le message s'adresse peut-être comme à l'église d'Échillais, au même pilier de l'Église.

A visiter aux alentours de LE DOUHET

 

 
Le paléosite de Saint-Césaire (à 12 km)

  • Le Musée des Arts et Traditions des Bujoliers - Maison de la Mérine · à  Saint-Césaire

  SAINTES (à 10 Km ) 
 

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