L'église
de
GENSAC-la-PALLUE
Texte intégral de Charles CONNOUË
Photos d' Alain DELIQUET

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"Site Belle Saintonge"
Commune du. Canton de SEGONZAC (à 5 kilomètres
à l'est de Cognac)
Comme son nom l'indique, le bourg de
Gensac-la-Pallue est construit au milieu d'un ancien marais aujourd'hui
assaini et remplacé par des prairies bordées de
frênes et de peupliers.
Son église dédiée à Saint
Martin et classée Monument Historique depuis 1875, faisait
partie de l'ancien diocèse de Saintes.
C'est une très belle construction de la fin du XIIe
siècle, romane dans son ensemble, mais dont le
caractère a été quelque peu
modifié par des restaurations successives. Le chevet y
compris le clocher a été rebâti au
début du XIVe siècle. Au XVIIe d'importantes
réfections furent effectuées dans cette
église, puis en 1850 eut lieu un rhabillage complet. Enfin
en 1882 le clocher frappé par la foudre fut en partie
reconstruit par les soins d'Abadie, l'architecte du
Sacré-Coeur.
Aujourd'hui cet édifice donne
l'impression d'être ou très bien
conservé ou très bien restauré. En
fait. II est l'un et l'autre, très remarquable, il
mérite d'être détaillé. Dans
certaines de ses parties et quelques-unes de ses lignes, il s'inspire
de la cathédrale d'Angoulême, sans
évidemment lui ressembler.

La façade est une belle
composition architecturale. De dimension plutôt
réduite, mais heureuse dans ses proportions, elle est
divisée en trois parties.
En bas un rez-de-chaussée
relativement élevé, puis deux galeries
superposées et un pignon à clochetons.
Le rez-de-chaussée est
complètement occupé dans sa largeur par un
portail et deux baies aveugles en plein-cintre (comme le sont tous les
arcs de cette façade). Le portail compte trois voussures,
les baies sont complétées par un cordon de
pointes de diamant. Le tout porté par des colonnes et des
pilastres ornés de chapiteaux très
travaillés. Ceux-ci constituent en se prolongeant
à travers les baies latérales et même
sur les retours des angles de la façade un large et
magnifique bandeau où se succèdent arabesques,
feuillages, griffons et personnages.

On y distingue un Saint Georges, un
Sacrifice d'Abraham, etc...
Au-dessus de chacune des fausses portes, deux larges
médaillons en amande exécutés en creux
et en demi-bosse présentent dans un encadrement d'anges
porteurs,

l'une une Assomption,

l'autre un Saint Martin, patron de
l'église.
Le premier étage
s'élève sur une étroite frise
sculptée. Une arcature y déroule ses cinq cintres
à claveaux nus entourés d'un cordon. Les arcs
s'appuient sur des groupes de deux colonnes aux très beaux
chapiteaux. La baie centrale seule est percée.
Une même disposition se remarque au deuxième
étage, mais l'arcature compte six cintres au lieu de cinq
avec les chapiteaux simplement cerclés de listels. Les
tailloirs sont décorés d'arabesques et de
feuillages.
Immédiatement au-dessus de la ligne des cintres, une belle
et large corniche à modifions historiés porte un
très caractéristique pignon dans le type
« à clochetons » très
répandu en Charente.

Le pignon par lui-même
plutôt étroit est orné en son milieu
d'une grande croix redentée en demi-relief. A ses
extrémités s'élèvent deux
clochetons cylindriques formés d'une calotte conique
à écailles appuyée sur huit petites
colonnes à chapiteaux. Ce pignon, bien dans le style de la
façade, doit cependant être contemporain du
clocher et du chevet.
Les murs extérieurs de la nef
terminés par une petite corniche à consoles sont
haut percés de fenêtres romanes à
chapiteaux nus.
Sur la quatrième travée
s'élève le clocher carré à
deux étages surmonté d'une longue pyramide
octogonale dont chaque pan à surface
légèrement imbriquée est
percée de sept petites ouvertures superposées.
Cette flèche est encadrée par quatre clochetons
d'angles carrés et pleins qui terminent des contreforts
saillants montant de la souche.
Le premier étage de la tour est
garni de baies aveugles, le second à chacune de les faces
percée de deux larges fenêtres dont le cintre
brisé coiffe deux longues ouvertures jumelées
séparées par une colonne.
Le chevet plat est orné de longues fenêtres
à cintres brisés.

L'intérieur de l'église
de Gensac est un des plus beaux qui se puissent voir dans la
région et même dans la province.
Quatre coupoles sur pendentifs recouvrent quatre hautes
travées séparées par des arcs
à double ressauts légèrement
brisés. Ils sont portés par de longues colonnes
à chapiteaux nus adossés à des
pilastres. L'ensemble des diverses courbes de cette voûte,
toutes très fines, qui s'accompagnent, se joignent,
s'allient et se recoupent, forment un tableau absolument remarquable.

Latéralement les murs de chaque
travée sont ornés de deux arcs en plein-cintre,
surmontés d'une corniche faisant tout le tour de la nef
à hauteur des chapiteaux. Cette corniche repose sur des
modillons nus.

L'un d'eux est cependant et par exception
décoré. Il représente une femme dont
la langue sort de la bouche.
C'est «la femme qui a la langue
trop longue». Discrète invitation aux Dames du
lieu d'avoir à observer un silence
déférent. Ce modillon .est assez
fréquent en Saintonge...
Par dessus cette corniche de grands arcs
encadrent des fenêtres à colonnettes.
Le chevet plus large que la nef comprend quatre travées
voûtées en ogive. Les nervures sont
reçues sur de longues colonnes à petits
chapiteaux ornés de feuilles de lierre à gauche
et de fins végétaux à droite. Il est
éclairé par des fenêtres
latérales à un meneau et par une axiale
à deux meneaux.
Autour de l'église subsistent de
l'ancien cimetière quelques sarcophages de pierre affleurant
le sol.

A quelques dizaines de mètres
derrière l'abside coule une très belle et
curieuse fontaine qu'il ne faut pas manquer de visiter.
Cette fontaine d'un énorme débit est
appelée dans la région, le « Gouffre de
Gensac ». C'est un vaste trou circulaire bordé de
grands arbres où s'étale et bouillonne par
endroits une masse d'eau cristalline teintée
d'extraordinaires couleurs : vert émeraude et surtout bleu
indigo d'un surprenant effet. Elle n'a rien d'un gouffre, mais ses eaux
avant d'être disciplinées n'en avaient pas moins
inondé la contrée et formé les marais
qui ont caractérisé cette région.

____________________Fin du texte de Charles
CONNOUË
Les
églises de SAINTONGE
livre IV épuisé.
Édition:
R.DELAVAUD (Saintes)
avec leur aimable
permission._______________________________

"FAISONS
PARLER LES SCULPTURES DE GENSAC-la-PALLUE:
ou du
moins essayons ..."
A
gauche le seul chapiteau historié de la nef
représente le signe du
bélier, un énorme "V", le symbole de vie
terrestre ou charnelle. La tige comporte 4 brins
symbole de ce qui est terrestre.

Il y a un noeud, un interdit !
|
Un seul chapiteau historié ?
dans la nef:
Un bouquet dont la symbolique m'échappe .
|
En
façade: le bandeau
|
|

Des saints et Martyrs déjà en paradis.
Dans le tailloir des rinceaux très riches en
spiritualité (volutes).
Soyez
saints pour gagner le ciel.
|

Puis un couple.
Le lion, symbole de la force virile, avec sa queue terminée
en feuilles lancéolées, a choisi de s'orienter
vers le spirituel, d'où sa tête d'oiseau.
L'animal
terrestre en nous doit s'alléger pour gagner le ciel.
|

A droite des pseudo fleurs de lys, tantôt
orientées vers le ciel (chasteté), tantôt vers la terre (luxure).
Deux quadrupède à tête de volatiles autour d'une feuille creuse.
Choix à faire
!
|
Pour la symbolique
|
.
Probablement un message pour les couples.
L'animal est devant l'homme (on devine sa barbe) et non le contraire
comme sur les chapiteaux illustrant Samson maîtrisant le lion.
La queue du léonin est en position de maîtrise,
elle s'élève vers le ciel et vers la femme.
Le couple
doit maîtriser la sexualité,
considérée comme péché et
impureté (la chasteté est synonyme de sainteté).
Enfanter
d'accord, mais sans prendre plaisir...
|

Probablement
un clin d'oeil à Samson maîtrisant le lion, (premier degré: Dieu donne la force).
Deuxième degré: la force virile doit être maîtrisée, message s'adressant aux membres du
clergé.
(Chapiteau omniprésent) |
Sous
un tailloir en rinceaux, le symbole du parcours spirituel.
Abraham s'apprête à sacrifier le plus beau cadeau
que Dieu lui a donné: son fils qu'il a eu tardivement avec
son épouse.
Pour Dieu,
l'être humain doit sacrifier ce qu'il a de plus cher
au monde.
|

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Le combat
spirituel entre les forces viriles (léonins)
et les forces spirituelles (oiseaux),
qui se déroule dans l'âme, est un chapiteau
très commun en Saintonge.
L'aigle à deux tête, par contre me semble unique.
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Les épreuves salvatrices crachées par le léonin.
Remarquez les deux personnages isolés de part
et d'autre du portail, l'un annonce son innocence de sa main droite,
mais l'autre utilise sa main gauche, il y aurait-il un tricheur?
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Un ange unique, encadré comme l'aigle à deux têtes.
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Il y a encore 10 chapiteaux en façade !
Ces dix chapiteaux qui surmontent les colonnes parlent essentiellement du combat spirituel

Ce "vieil-Homme" maîtrise ses sens et la spiritualité, les oiseaux viennent à bout de ses moustaches
qui sont avec la barbe les attributs du vieil-homme, celui qui est empêtré dans dans le terrestre.
Maîtrise tes sens et le reste suivra !
Un chapiteau sort du lot pour lequel je n'ai pas d'interprétation qui tienne la route:

Que représente ce personnage qui invoque la trinité?
Quel est ce bâton bizarre?
Qui sont ces personnages implorant le saint qui probablement est un Saint-Martin,
mais la vie de Saint-Martin de Tours ne contient pas de scène à laquelle attribuer cette sculpture?
Je suis preneur de toute suggestion.
 
VOIR L'ALBUM OUTREPASSÉ SUR LES SCULPTURES
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