L'église de JAVERZAY (79)
Texte intégral de Charles CONNOUË
JAVARZAY (Deux-Sèvres)
L'église romane, dédiée à Saint Chartier, est intéressante, malgré de Lacurie et Dangibaud fixent comme limite à l'ancien diocèse de Saintes (qui s'est aux siècles derniers substitué à la Saintonge) une ligne qui, pour la région qui nous occupe, descend du Nord au Sud, par Rouillac. Mais d'après Boissonnade, l'évêché de Saintes — donc la Saintonge — se serait étendu dans cette direction jusqu'à l'Osme d'une part et jusqu'au delà de la Charente d'autre part, puisqu'il aurait possédé Saint-Fraigne, Chébrac, Villejaubert, c'est-à-dire effectivement jusqu'à la ligne boisée (forêt de Saint-Amand-de-Boixe) qui était sensiblement plus large que de nos jours. La façade de l'église de Javarzay, très développée en largeur et surmontée d'un pignon, est divisée en trois aires par quatre pilastres plats. Au centre, un grand portail en plein cintre à quatre voussures et claveaux nus, mais, à bordures amorties en tore, est accompagné d'un cordon de demi-disques perlés. Les chapiteaux des pieds droits apparaissent peu travaillés par opposition avec les tailloirs très chargés de feuillages, d'étoiles et de disques. Des deux aires latérales occupées chacune par deux baies aveugles jumelées à un seul cintre bordé d'un cordon de pointes de diamant, seule celle du côté Nord est d'époque et montre une jolie décoration de fleurs rondes délicatement traitées. Une fine corniche en avancée traverse la façade et constitue l'élément remarquable de cette partie de l'édifice. Elle s'appuie sur des modillons dignes d'être détaillés, quoique en partie refaits. Les larges intervalles ménagés entre eux sont ornés, de motifs divers et variés et si l'on y retrouve l'agneau pascal, les griffons, les oiseaux et les disques si souvent vus ailleurs, une touche particulière, certains quadrillages, certaines formes de fleurs et leur assemblage, montrent à l'évidence qu'une école a travaillé là, qui n'avait pas dans ses carnets les mêmes modèles que sa voisine de l'Ouest. Au-dessus
de la belle corniche de la façade s'ouvre une fenêtre
à colonnettes qui meuble seule la grande surface du
pignon, à vrai dire reconstruit. Le
clocher, haut, carré, à toiture pyramidale d'ardoise, qui
a remplacé celui de l'époque romane abattu, est
percé à son étage supérieur, entre deux
lignes de modillons nus, d'une fenêtre sur chaque face,
agrémentée de tores et de pointes de diamant. La nef, à l'intérieur, est l'autre élément intéressant de Javarzay. Haute et bien voûtée en berceau brisé, elle est séparée de ses collatéraux, couverts aussi en pierre, par de gros piliers ornés de quatre colonnes et de quarts de colonne. Les chapiteaux sobrement mais nettement exécutés sont illustrés de feuilles, d'animaux, de dragons et de têtes humaines. L'un d'eux est curieux et bien spécial à la région. Il montre une suite de chèvres (la tête) alignées les unes à côté des autres, broutant une haie. Allusion à l'industrie des chevriers, dont les produits étaient déjà célèbres au XIIè siècle. Le
carré est couvert d'une belle coupole sur pendentifs, reposant
sur quatre gros tores ou nervures se réunissant autour d'un trou
à cloche. Disposition déjà rencontrée
ailleurs en Saintonge. La base est rehaussée d'une ligne
continue de demi-besants opposés. ____________________Fin du texte de Charles CONNOUË Les
églises de SAINTONGE édition: R.DELAVAUD (Saintes) avec leur aimable permission._______________________________
A.D. Aout 2023 |