L'église abbatiale Saint-Gilles de AIGNES & PUYPEROUX (16) en
ANGOUMOIS Photos de Bernadette PLAS & Alain DELIQUET ![]() Les photos sur ce site peuvent être utilisées exclusivement à des fins non commerciales après autorisation et sous réserve de mentionner la source: "chapiteaux.free.fr" ![]() Résumé ex la base Mérimée Fondée vers le 6e siècle par les solitaires bénédictins, cette abbaye devint simple prieuré au 14e siècle, après la translation de ses moines dans la collégiale fondée à Blanzac, en 1226. Pendant la guerre de Cent ans, les bâtiments furent incendiés. Il n'en reste que l'église qui servit de paroisse jusqu'à la Révolution. L'intérêt de cette église abbatiale réside dans ses parties orientales. La nef, qui s'effondrait, a été complètement rebâtie au 19e siècle. De la nef, l'accès aux croisillons se fait par des passages étroits contournant les gros piliers de la coupole. Le transept semble avoir été inachevé. Le carré est marqué par quatre gros piliers sur lesquels s'adossent les colonnes recevant les grands arcs, ainsi que les rouleaux qui les doublent. Les chapiteaux présentent une ornementation très riche (personnages, animaux, têtes de sirènes...). La coupole sur trompe couronne ce carré du transept. Le choeur présente une disposition pentagonale avec chapelles rayonnantes. L'abside est éclairée par les fenêtres accostées de colonnettess de ses absidioles couvertes en cul de four. Leurs arcs d'encadrement se juxtaposent les uns les autres et s'amenuisent en retombant sur des colonnes engagées. L'ornementation des chapiteaux est uniquement empruntée au décor floral. ![]() ARRONDISSEMENT D'ANGOULÊME, CANTON DE BLANZAC Ce serait, d'après une ancienne tradition, l'église d'une abbaye fondée par les disciples de saint Benoît au VI e siècle. Il est certain que les murs latéraux de la nef présentent des parties importantes en petit appareil, de 13 à 17 centimètres de hauteur, ce qui peut lui faire attribuer une date antérieure à l'an 1000. L'abbaye tomba au rang de prieuré, disparut après 1364, et les bâtiments ravagés ne servirent que pour la paroisse. ![]() En 1837, l'abbé Jean Hippolyte Michon (1806-1881), auteur de " la Statistique monumentale de la Charente", fonde la congrégation Notre-Dame des Anges qu'il installe dans les ruines de l'abbaye de Puypéroux qu'il restaure avec l'architecte Barbaud. ![]() L'église actuelle comprend une nef, un transept incomplet et un chœur. Les murs de l'édifice primitif, devenus les côtés nord et sud de la nef, ont été renforcés, sur les deux faces, par des arcades aveugles, reposant sur des contreforts doublés et des dosserets avec demi-colonnes; ces arcs sont en plein cintre à l'extérieur et trilobés en dedans. La nef, aujourd'hui couverte d'un berceau en briques, n'aurait, d'après l'architecte, jamais reçu de voûte. Chaque travées est percées de petites fenêtres en tiers-point; la deuxième renferme le tombeau des reliques du patron et la quatrième une porte à une archivolte et deux colonnettes. La nef est un vaisseau de 20 mètres sur 7, éclairé par dix fenêtres très évasées à l'intérieur. Les pilastres soutiennent des arcs trilobés s'élevant jusqu'à la naissance de la voûte, et forment cinq travées d'inégales dimensions, décroissant de la porte d'entrée vers le chœur . Des colonnes engagées, surmontées de chapiteaux, séparent les travées les unes des autres. L'usure des corbeilles s'explique aisément puisque, fort longtemps, la nef fut privée de toiture, laissant la pierre exposée aux intempéries. Ce n'est qu'en 1893 que l'architecte Raymond Barbaud acheva l'édifice. Le carré du transept est recouvert d'une coupole sur trompes, portée par quatre grands arcs en plein cintre, à double rouleau, dont les supports sont quatre piliers renforcés, sur les faces portantes, par un faisceau de trois colonnes; en arrière, s'ouvrent des passages étroits, courbes vers la nef et rectilignes vers l'abside. Le chœur dessine un pentagone sur lequel ouvrent sept absidioles dont une dans l'axe, voûtées en cul-de-four. Chacune est éclairée par une fenêtre, à colonnettes à l'intérieur, et séparée de sa voisine par un mur que précède une colonne sur laquelle repose un arc d'encadrement. Toutes les colonnes ont leurs chapiteaux historiés ou à feuillages; certaines ont gardé leurs bases. Celles-ci et la sculpture grossière des chapiteaux permettent, en l'absence de texte, de dater l'église du milieu du XIe siècle; les travaux ont dû progresser de l'Est à l'Ouest, en trois campagnes assez rapprochées. Un clocher rectangulaire, dont la partie haute a été refaite, s'élève sur le carré. Quant aux absidioles et au chœur, construits en moellons grossièrement piqués, ils sont sans contreforts ni corniche. _______ LA FAÇADE PRINCIPALE OUEST De la colline opposée, l'église abbatiale Saint-Gilles ressemble à une châsse protégeant soigneusement quelque trésor. La façade ouest domine la campagne de sa noble austérité . Trois étages la composent. Treize marches conduisent à la porte principale entourée de huit élégantes colonnes. L'étage médian n'a que quatre pilastres peu saillants. L'étage supérieur, souligné de deux piliers, culmine vers une croix de pierre. Cette progressive simplification de l'architecture, de la base au sommet, invite à dépasser l'apparence et à pénétrer le mystère d'une vie secrète, en entrant dans l'édifice. La finesse et la force expressive de trois chapiteaux bien conservés font regretter la disparition des autres. ![]() (voir le glossaire sur ce site pour ceux qui seraient déroutés par ces bestioles bizarres) Voici les mots clé du glossaire concernés pour lire ces sculptures et mieux les comprendre: acrobate, animal, chasteté, conversion, dualité, entrelacs, homme nu, jambe, feuilles, 7,5 , langue tirée, lions, main, maîtrise, patte, queue, volute et le X LES SCULPTURES du PILIER NORD-OUEST: (le contrôle de sa marche vers le ciel car il s'agit bien de cela à l'époque) Un personnage coiffé de rinceaux stylisés en forme de lys, ceux-ci sont orientés vers la terre. Une feuille sous sa tête naît dans ces rinceaux et remplace la feuille lancéolée du lys. La pointe lancéolée tournée vers la terre des fleurs de lys latérales que le sculpteur remplace par une feuille orientée vers le ciel annonce une progression à faire dans le domaine de la chasteté. Deux corps de léonins diaboliques à têtes humaines forment un X ( ce n'est pas le bon chemin ) Le troisième chapiteau reprend les formes du premier: le visage est remplacé par la volute (spiritualisation) Les lys latéraux ont chacun la feuille lancéolée transformée en feuilles à 7 lobes qui restent orientées vers la terre. Sur le chapiteau suivant des rinceaux sont crachés par une tête féline Tous les rinceaux sortant de sa gueule sont des fleurs de lys dirigée vers la terre tandis que celles qui naissent dans l'astragale (l'église) sont dirigées vers le ciel. ![]() Les corps forment un X bien visible Il s'agit de l'homme sous l'emprise du péché Les vices et passions ( les corps léonins) qui habitent cet être sont un obstacle pour son avancement dans la vie spirituelle Vue générale depuis le centre de la croisée Les corps nus représentent l'âme du personnage L'âme a été dédoublée par le sculpteur pour l'esthétique mais aussi pour mieux évoquer une lutte intérieure. L'une est enlevée par la main gauche par une tête démoniaque tandis qu'elle essaie de contrôler sa marche ( vers le ciel) en empoignant sa cheville L'autre âme marche encore, elle essaie de contrôler sa marche d'une main mais l'autre main est sous l'emprise d'un vice ou d'une passion. Ce premier pilier montre l'âme de l'homme en lutte pour son salut éternel, le souci de tous à l'époque. Le bas-relief noyé dans le transept est fortement dégradé. LES SCULPTURES du PILIER NORD-EST (vers la conversion intérieure) Vue d'ensemble des chapiteaux et du bas-relief noyé dans le transept Trois personnages: au centre celui qui tient un livre semble bénir (cette main est dégradée ?); un autre personnage à sa droite joue du rebec: c'est un instrument utilisé lors des offices et à sa gauche un autre souffle dans un cor ( un instrument profane ou bien utilisé aussi pour rassembler) Les vêtements sont tous trois identiques; c'est probablement une représentation du rôle des clercs de cette abbaye ou prieuré: Chanter les louanges dans les offices enseigner la parole (les clercs avaient probablement ouvert une école) faire du prosélytisme et rassembler les fidèles. Revenons au pilier du transept: Pour ceux qui croient que les âmes n'ont pas de sexe c'est raté! Remarquez le boléro, il se retrouvera sur la sirène ultérieurement Cette âme à genou se tient les chevilles pour montrer qu'elle contrôle sa marche vers le ciel Il n'y a pas trace d'emprise de ses vices ou passions tant par les pattes qu'avec la gueule (les vices en nous) mais la menace est bien là ! A preuve la langue tirée qui signifie "je t'attends". Le double léonin à visage humain et l'âme sont la représentation de l'homme dans son intégrité La scène se passe ici-bas : c'est l'âme du clerc cherchant la perfection Ces léonins maléfiques (les vices et/ou passions en cet homme) sont presque maîtrisées comme le montrent les mains du personnage dont l'une semble fermer la gueule et l'autre le maintenir comme par tendresse! Cependant la queue du léonin n'est pas en position de maîtrise mais déjà en feuille, moitié lys avec une seule volute. Le personnage ne semble pas encore sous possession du mal! (ni ses pattes ni sa gueule ont pris le dessus sur lui) Cet homme s'accroche et se cramponne encore à ses passions terrestres représentées par les léonins Les corps des léonins forment un X ce n'est pas le bon chemin ! Splendide n'est-il pas! Ce vice ou cette passion presque maîtrisé se voit pousser des ailes ! C'est un élément favorable pour aller au ciel mais il faut continuer le combat car la queue n'est pas maîtrisée, au contraire elle est sous l'emprise d'une créature maléfique ! La queue symbole de ce qui est au plus profond de nous (voir le glossaire) Les forces ou passions dévorantes de cet homme sont maintenant maîtrisées ! En effet les queues sont en position dite de maîtrise et elles se terminent en volutes signe de spiritualisation en cours Néanmoins elles restent une menace d'où le X persistant La maîtrise en marche dans le chapiteau central entouré de la représentation du combat spirituel de chacun des cotés Remarquez les ailes naissantes. Plein de poils : cheveux, moustache et barbe c'est le portrait du vieil homme (voir glossaire) En effet son parcours spirituel n'est pas achevé loin de là il reste encore une partie de lui-même bien enfuie qui résiste ainsi que le montrent les léonins se mordillant la queue. Les queues s'orientent en feuillage vers le ciel, cet homme se transforme en venant à bout de ses passions ! et voilà que sur le chapiteau suivant son âme fait sa conversion (voir glossaire) au nez et à la barbe des forces maléfiques qui l'entourent! Cependant l'X et les queues partiellement maîtrisées des léonins entourant l'acrobate montrent que ce n'est pas terminé pour autant. LES SCULPTURES du PILIER SUD-EST ( la transformation de la force virile en force spirituelle ) Vue d'ensemble A gauche l'on peut voir que l'homme tient toujours et encore affectueusement ses passions terrestres Remarquez la queue du léonin dirigée vers le bas à gauche. La queue se termine en une sorte de corde. Mais il reprend le dessus sur le chapiteau suivant Les vices et passions ont leurs queues en fleur de lys orientées vers le ciel, et leurs corps ne sont plus en X La force virile est maîtrisée (voir glossaire) Elle s'est transformée en force et beauté spirituelle comme le montre le chapiteau suivant L'âme a perdu son sexe , elle s'est muée en sirène (beauté spirituelle vers la sainteté) avec sa queue de poisson. une main dans la gueule de la force virile maîtrisée et l'autre tenant un poisson symbole du Christ (voir glossaire) Remarquez la passion à petite tête diabolique et queue maîtrisée en bas à droite! Elle veille ! Ce léonin tentateur tenant dans sa gueule une main de sirène me semble un tableau unique dans l'iconographie romane. Le chapiteau suivant montre le personnage en léonin à visage humain Sa queue est orientée au ciel en volute et/ou feuille et de toutes ses pattes il tient et maîtrise la queue et la tête d'un monstre serpent en signe de dominance absolue. Sa conversion est enfin complète. Puis les léonins de nouveau en X avec leurs pattes et leurs corps! Pour dire que bien vaincu les pensées démoniaques profondément enfuies peuvent resurgir, qu'elles sont toujours dangereuses pour le salut de l'âme Remarquez les queues se terminant par une fusion en coeur après avoir formé un X lequel complète les X des mains et des corps! Les passions et/ou pensées démoniaques ne mènent pas au ciel! et finalement à droite un homme avec un corps maîtrisé sa queue en fleur de lys sans lancéole formée d'une feuille à trois lobes! La force virile en lui s'est muée en force spirituelle. Tient-il dans ses pattes une conque de St Jacques? Il indiquerait par là que la route tel un pèlerinage continue.... Un chapiteau noyé dans les restes du transept semble représenter une tête tranchée ou qui va l'être...par un personnage tête en-bas ? La conversion de soit implique le sacrifice de ce que l'on a de plus cher au monde ? LES SCULPTURES du PILIER SUD-OUEST (vers la sainteté) Vue de l'ensemble: de la première scène feuillages : symbole de vie et résurrection dans le premier chapiteau feuilles à 3 lobes dans les interstices de l'entrelacs dans le deuxième chapiteau puis Deux personnages encadrant un barbu patriarcal. Des entrelacs avec une feuille trilobée dans ses interstices Celle-là même du bout de la queue du dernier chapiteau du pilier précédent. Cette fameuse fleur de lys d'abord lancéolée tournée vers la terre qui s'est transformée au cours des combats menés par notre personnage en une vrai fleur de lys au bout d'une queue en position de maîtrise. C'est la voie royale pour arriver au ciel dans l'éternité auprès de la trinité! Le personnage du centre , barbu prend en accolade deux autres, il semble qu'il n'y ait qu'une seule tête pour ces trois personnages. A coté de ce personnage triple, un personnage sans barbe indique clairement qu'il s'agit de la trinité avec sa main gauche . Des fleurs de lys à foison remplissent la corbeille Puis un magnifique entrelacs dans lequel sont insérés en haut les visages de l'homme dont on a suivi l'histoire Il est donc dans l'éternité , au ciel, avec la trinité, et aussi avec le saint patron du lieu comme le montre la dernière scène Un entrelacs ( il n'a ni début ni fin c'est le symbolise de l'éternité, c'est à dire la vie éternelle) puis dans une mandorle maintenue par deux anges probablement Saint Gilles de PUYPEROUX, bienheureux donc au ciel auprès des reliques duquel l'on vient en pèlerinage ou demander une faveur. Était-ce l'histoire résumée de la vie du saint, avec ses tentations, ses chutes et sa victoire ou plutôt ce que je crois l'exemple à suivre pour les moines du lieu? ![]() _____________________________________________________ L'édifice a été inscrit aux MH le 5 décembre 1984. L'abbaye est aujourd'hui domaine privé: c'est une une maison familiale rurale (école et internat du Ministère de l'Agriculture) Sources et Bibliographie: Document sur place entre autres: extraits de "La nuit des temps" N° 14 Noël 1961 Revue "ZODIAQUE" Abbé Feuillet & Barbaud, notice sur l'abbaye de St-Gilles de Putpéroux, Paris 1892 J. Georges et Alexis Guérin-Boutaud, les églises romanes de l'ancien diocèse d' Angoulème, Paris 1928 J. Georges Les églises de France , Paris 1933 Abbé Micchon: "Statistique monumentale de la Charente" |
L'ABBÉ MICHON : L'homme de foi: Touché par la détresse spirituelle de son diocèse, il fonde une congrégation religieuse pour l'éducation des Jeunes filles des classes moyenne et pauvre. Avec courage, il relève une grande partie des ruines de Puypéroux : le 9 Juin 1836, la première pierre de la Maison Mère de Notre-Dame des Anges est solennellement posée. L'artiste San œuvre religieuse et éducative placée en bonnes mains, l'abbé Mtchon scrute avec intelligence et ferveur ces vieilles pierres qui l'ont fasciné. Correspondant du Ministre de l'Instruction publique pour les travaux historiques, Membre de la Société française pour la Conservation des Monuments historiques . Il publie en 1844, sa "Statistique monumentale de la Charente"; Il y étudie Puypéroux en archéologue passionné : "Tel est l'ensemble de ces curieuses sculptures symboliques, écrit-il, je les ai dessinées avec soin et j'ai dû les décrire en détail, parce qu'elles intéressent l'histoire de l'art roman à l'époque primitive." (à partir de la page 262 sur Gallica pour les curieux) La statistique monumentale de ta Charente devait longtemps servir de référence à beaucoup d'artistes. |
LE TOMBEAU DE SAINT GILLES Il s'agirait du même St GILLES qui selon une légende aurait été chassé de son monastère de PROVENCE ( St Gilles du GARD) par les sarrasins, aurait fuit vers Orléans et serait descendu vers Angoulême pour y créer ce monastère. Du vitrail consacré à la légende de saint Gilles, le regard descend tout naturellement vers le tombeau du saint. Sa forme est simple et son emplacement modeste. Pendant des siècles, les pèlerins affluèrent pour vénérer les reliques de celui dont le culte fut certainement un des plus populaires de la province, avec celui de saint Cybard et de saint Ausone. Le tombeau ne renferme aujourd'hui ni ossements ni reliques. Situé primitivement dans le cimetière, Il fut transféré à l'intérieur de l'église pour être offert à la vénération des fidèles. On éleva un petit mur à l'extérieur et la quatrième arcade nord fut ouverte au-dedans de la nef. Sur la gauche du sarcophage, tout près de la tête, .une petite excavation destinée à remplacer les fioles funèbres en usage auprès des morts, dans les temps anciens. Le carré creusé à droite, au pied du tombeau, contenait les précieuses reliques. A ta tête et au pied du sarcophage, au-dessous de la corniche qui supporte l'arcade, un lion saisissant une tête. Témoignage des processions à PUYPERPOUX ![]() ![]() |