THAIMS
Commune du Canton de Gémozac (à 11
kilomètres au
Nord-Ouest de Gémozac et à 18
kilomètres de
Saintes)
Cette
église paroissiale dédiée à
Saint Pierre, a
été classée Monument Historique le 18
Février 1916.
Intéressante et fort
ancienne elle est
dans son ensemble du XIIe, mais certaines de ses parties sont du XIe et
remontent même plus loin,
particularité
rare en Saintonge.

Thaims
a deux façades, l'une régulièrement
orientée,

l'autre regardant le midi ; autrefois, en effet,
la
route passait non pas devant
l'église, comme
aujourd'hui,
mais derrière. La façade méridionale
à
laquelle il manque une arcature au premier étage pour
être
bien
Saintongeaise est assez délabrée.
Son mauvais
état n'est pas tant le fait des ans et des
intempéries,
que des incendies,
peut-être successifs, que cette
église a dû subir au cours de son existence.
Incendies
dont les conséquences, très mal
réparées,
se
voient également sur la face Ouest. Celle-ci peu
décorée est surmontée d'un pignon
campanile
à une baie.

Le clocher très
archaïque, souvent
restauré, ne donne plus qu'une vague idée de ce
qu'il
était à l'origine. Il semble que sur une souche
carrée
s'élevait une tour octogonale à deux
étages
entourée de hautes arcades en plein-cintre.


La nef
à
deux travées était primitivement
voûtée en
arc brisé.

Aujourd'hui ne subsistent plus que les
départs
des dites voûtes
recouvertes d'une charpente. Aux
murs de la
nef sont accolées deux grosses demi-colonnes
terminées
par des chapiteaux à sculptures
très
simples. L'un
n'est orné que de deux petits masques humains en crochets.
Les
angles de cette nef sont garnis chacun d'une fine
colonnette.

A
la nef fait suite le carré du transept
délimité
par quatre importants massifs ; les deux premiers de cinq colonnes
inégales,
les deux autres de trois et de trois
pilastres carrés.
Des chapiteaux nus, autrefois peints,
surmontent le tout.
Ce
carré, qui ne supporte pas le clocher, est
voûté en
ogive à quatre branches. Sur les bras du transept couverts
en
berceau brisé
se voient les traces d'anciennes
absidioles.
Le
carré est suivi de deux courtes travées formant
avant-chœur et chœur. C'est sur
l'avant-chœur que
s'élève le clocher.
Cette partie de
l'édifice
est très ancienne et date pour le moins du XIe
siècle, si
ce n'est du Xe ou même du IXe.

On y remarque en effet
des
chapiteaux carolingiens.
De chaque côté des arcs
en
plein-cintre reposent sur des pieds-droits dont les impostes
sont
ornées de fines arabesques d'une haute antiquité.
Un
grand arc également cintré est noyé
dans la
maçonnerie.
Il pourrait être romain.
Très haut
une coupole octogonale et allongée repose sur des trompes.
Un
vaste trou a cloches
perce son centre.
Un arc roman
orné
de splendides chapiteaux sépare l'avant-chœur du
chœur proprement dit. Il a été
reconstruit
récemment,
cette partie de l'église
avec l'abside
s'étant effondrée dans la nuit de Noël
1914.
La
remise en état a été faite exactement sur
les plans anciens avec utilisation des chapiteaux primitifs tous
intéressants et bien traités.
L'abside
demi-circulaire voûtée en cul-de-four est
ornée
d'une élégante galerie dont les cintres
portés par
six colonnettes
encadrent sept baies dont quatre aveugles.
Des traces de peinture du Moyen Age se voient encore sur les murs qui
n'ont pas
été reconstruits.
Deux
détails sont à Thaims particulièrement
remarquables.


D'abord la très curieuse ligne de modillons de
la
façade Ouest.
Les sculptures «
véritable
cubisme du Moyen Age » sont d'un genre unique en Saintonge.
Il ne
s'agit nullement de sujets simplement
épannelés,
mais bien de têtes de chevaux, par exemple, dans leur
état définitif.
C'est
ensuite une plaque de marbre encastrée dans la
façade
Ouest a gauche du portail. Elle a donné lieu à
des
controverses nombreuses
entre archéologues.
On a
cru
longtemps y voir un sujet religieux, mais en 1939, l'abbé
Tonnellier a déterminé et prouvé qu'il
s'agissait en fait d'un travail romain, plaque bachique
représentant une scène de vendanges et de
pressoir.
Elle
remonterait au premier siècle avant Jésus-Christ,
époque où un établissement
gallo-romain occupait
l'emplacement actuel de
l'église.

Des
vestiges de cette villa ont d'ailleurs été mis
récemment à jour. L'abbé Tonnellier
assistant
à des réparations effectuées
dans
son
église, a sauvé d'une destruction certaine un
hypocauste
fort bien conservé sur lequel s'appuie le mur Sud de la nef.
Sous
le bras droit du transept il existerait une crypte et probablement
d'autres vestiges romains qu'il serait souhaitable
de voir
dégager.


Le chevet reconstruit
Fin du texte de Charles CONNOUË
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Les
églises de la SAINTONGE (livre 1
épuisé)
_________________________________________édition:
R.DELAVAUD (Saintes)
avec leur aimable permission.
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Cette église est décrite par François Eygun avec le concours de Jean Dupont,
Saintonge romane, pp. 101-104, Éditions Zodiaque (collection "la nuit des temps" n°33),
Ed. La Pierre-qui-Vire, 1970
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