L'église romane de  Saint-EUGÈNE (17) 

Texte intégral de Charles CONNOUË

Photos de Michel CARON et wikipédia

SAINT-EUGÈNE

Commune du Canton d'ARCHIAC (à 3 kms au Sud-Est d'Archiac et à l4 kms au Nord-Est de Jonzac)

L'église de Saint-Eugène (autrefois Sainte-Eugénie), dédiée à cette sainte, s'élève, comme celle d'Archiac et de Sainte-Lheurine, ses voisines, au sommet d'une haute colline et s'aperçoit de fort loin, 

dominant des coteaux couverts de vignes splendides et la plaine traversée par le Né.
Cette éminence a été le théâtre d'importants événements historiques, militaires et autres. On y a découvert des souterrains, des pierres et des débris romains, des armes, des squelettes en groupes; enfin des noms de lieux dits « vignes des batailles », « champ des batailles » ont porté jusqu'à nous le souvenir, très vague, d'importants incidents survenus dans ces parages, lors des grandes invasions barbares.

La massive construction de Saint-Eugène, date de la fin du XIIe siècle, mais de nombreuses mutilations et restaurations ont complètement modifié son aspect primitif. Le croisillon Nord a disparu,

l'abside demi-circulaire abattue a été remplacée par un chevet droit; enfin, la nef raccourcie n'a plus son ampleur d'origine. Seuls subsistent la grosse tour du clocher et ça et là quelques éléments rappelant la construction romane.
Le clocher, carré mais presque octogonal et très large, n'a plus qu'un court étage recouvert d'un toit plat porté par une corniche à modillons simples. Il est vraisemblable qu'il a été jadis plus élevé. Chaque face est ornée de deux cintres à pointes de diamant, coiffant chacun une fenêtre jumelée à colonnettes et pilastres au centre, mais qui ne surmonte plus que l'un des talus étrécissant la souche.

La façade à pignon, reconstruite en 1830, dans un style ogival, simplifié, est percée d'une porte à cintre brisé et de deux fenêtres accolées.

Quelques modillons subsistent sur les murs latéraux de la nef et sur ceux du croisillon Sud.
Le chevet se termine à l'orient par un mur à pignon obtus, mur percé d'une grande fenêtre à longues colonnettes et moulures. 

La décoration des petits chapiteaux prolongés fait cordon jusqu'aux contreforts, au-dessous d'une ligne de modillons dont quelques-uns sont travaillés.

A l'intérieur la nef, amputée d'une et peut-être deux travées, est voûtée en ogive (matériaux légers). Un arc à trois rouleaux la sépare du carré couvert d'une coupole sur trompes, ajourée d'une ouverture au Nord et d'une autre au Sud. 

Les colonnes adossées aux pilastres portent des chapiteaux courts à gros cabochons ou à multiples petites têtes humaines. Des passages à angle droit dans les murs font communiquer la nef et le chœur.

Le transept n'a plus que sa branche Sud, voûtée en ogive avec forme-rets. Les nervures reposent sur des consoles et sur des groupes de petites colonnes à chapiteaux. Des traces du croisillon Nord disparu s'aperçoivent encore à gauche du carré.
Le chevet occupe deux travées sous voûtes ogivales dont les nervures s'appuient sur des groupes de fines colonnes terminées par des chapiteaux garnis de feuillages ou de têtes humaines, comme les consoles du côté Ouest qui en ont chacune trois. De longues fenêtres à lancette l'éclairent, l'axiale ornée de plusieurs moulures.
Dans la nef occupée à l'entrée par une tribune posée sur une arcature à trois cintres,

il faut remarquer une belle cuve baptismale du XVIe siècle dont les huit faces sont revêtues de motifs géométriques tous différents et aussi un intéressant bénitier. Sur son socle annelé se déroule un bandeau garni de branches de vigne.
La cuve est classée au Mobilier Historique et le clocher a été inscrit à l'inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 1926.
Une fontaine près de St-Eugène, dite de Ste-Eugénie, aurait été jadis très fréquentée pour ses vertus curatives.

Les églises de la SAINTONGE (livre V épuisé)

édition: R.DELAVAUD (Saintes) 

avec leur aimable permission ________________

AD Nov. 2023