L'église de St-MARTIAL de VITATERNE (17)
SAINT-MARTIAL-DE-VITATERNE Commune du Canton de JONZAC (à 2 kms au Nord de Jonzac) ![]() L'église de Saint-Martial-de-Vitaterne (Vitaterne était un ancien fief qui a donné son nom à la paroisse) était à son origine un très vaste édifice, construit sur un plan classique et complet, avec longue nef, absidioles sur les bras du transept, choeur et abside demi-circulaire. Il ne présente plus, après les profondes et nombreuses mutilations subies au cours des guerres du Moyen Age, que de tristes souvenirs de son ampleur passée. Son aspect est resté curieux cependant avec ses formes aujourd'hui imprécises, toutes en hauteur et l'élévation anormale pour une église de campagne, de sa toiture. Le village de Saint-Martial, si modeste aujourd'hui, avait, au XIIe siècle et antérieurement, une importance sans comparaison aucune avec l'actuelle. Jonzac à cette époque n'existait pas en tant que ville ou bourg; seul son premier château-fort gardait, sur une route romaine, un passage de la Seugne et la population de la région, déjà nombreuse, était groupée dans certaines localités environnantes beaucoup plus étendues et développées que maintenant: Saint-Germain-de-Lusignan par exemple, Villexavier et d'autres. Les habitants de Saint-Martial ont été jadis en nombre tel qu'un vaste édifice religieux leur était nécessaire. Ils l'eurent pendant plusieurs siècles; mais les guerres médiévales s'abattirent sur le pays et y accumulèrent les ruines. La belle église fut aux trois-quarts détruite. Les multiples réparations qu'il fallut effectuer par la suite, alors que les fidèles quittaient peu à peu la paroisse, le furent avec le souci manifeste de toujours conserver et utiliser ce qui pouvait l'être, aboutirent en fin de compte à un assemblage hétéroclite où se distinguent aujourd'hui une partie de nef, un bras de transept et un ancien carré. Mais telles étaient les proportions et la beauté des lignes de l'ancienne construction que les restes parvenus jusqu'à nous, si pauvrement rafistolés qu'ils soient, dénotent encore dans leurs lignes une noblesse certaine et même une réelle grandeur. Les traces des incendies qui ont détruit l'édifice primitif sont toujours très visibles. Il y en eut vraisemblablement deux, un vers le milieu du XIVe siècle allumé par les Anglais, l'autre aux environs de 1582 par les protestants. ![]() La nef, raccourcie à l'occident, d'au moins une travée, est d'une belle élévation. Entièrement crépie et couverte d'un plafond cintré, elle se termine par un arc en plein cintre, haut et large, ![]() ![]() encore orné de ses chapiteaux courts à grosses feuilles du XIVe siècle. Un autre est entièrement décoré de têtes humaines. ![]() Le mur Nord est dépourvu d'ouvertures; côté Sud des fenêtres cintrées ont été murées. Sur ce même côté Sud, se voient des vestiges de colonnes adossées. A l'extrémité de la nef une haute baie cintrée donne, à gauche, accès à une chapelle. C'est l'ancien croisillon Nord encore flanqué de son absidiole voûtée en cul-de-four. Cette chapelle très élevée est couverte d'un berceau plein cintre. À droite un mur sans ouvertures ni saillies obstrue l'ancienne baie d'accès au croisillon Sud, non rebâti. Auprès, un mur semblable, mais percé de deux fenêtres cintrées, ferme l'entrée de l'ancien chevet disparu. L'autel s'élève donc aujourd'hui dans l'ancien carré, jadis surmonté d'un clocher. Une rangée de balustres sépare ce nouveau chevet de la nef. Sur un des vestiges de colonnes est posée une vieille statue de pierre mutilée et réparée, trouvée, dit-on, dans la terre aux environs de l'église. Extérieurement la façade déplacée, (elle devait être à son origine voisine de la route) n'accuse aucun style. Une porte cintrée, un grand arc et une longue ouverture, l'occupent entièrement sous un portique campanile à une baie. Elle montre à gauche une pierre sculptée remployée. Le mur Nord, reconstruit partiellement en moellons, porte des traces de petites fenêtres romanes haut placées et murées. Quelques contreforts d'origine subsistent avec leurs pierres rongées par l'incendie. A l'orient est visible dans la maçonnerie l'arc qui, intérieurement, ornait l'entrée du chœur. Des bâtiments de ferme accolés masquent tout le côté Sud. L'église est dédiée au saint dont elle porte le nom. ![]() En 1967, de très anciennes tombes ont été découvertes non loin de l'église, mais cependant pas tout près d'elle. Il s'agit donc d'un très vieux cimetière carolingien peut-être ou mérovingien contemporain du « plus grand » Saint-Martial. Preuve nouvelle que toutes ces vieilles églises romanes ont succédé à des édifices antérieurs, disparus sans laisser de souvenirs, à peine quelques traces enfouies dans le sol. ______________________ Fin du texte de Charles CONNOUË Les églises de la SAINTONGE (livre V épuisé) édition: R.DELAVAUD (Saintes) avec leur aimable permission ________________ AD Nov. 2023 |