L'église romane de St-GEORGES d'OLÉRON
Saint-Georges est la commune la plus peuplée de l'Ile-d'Oléron. Nombreux sont les gros villages qui la composent ; très pittoresques aussi pour la plupart, avec leurs très anciennes maisons et leurs vieux escaliers extérieurs. Sa côte sur l'Océan, dite « Côte sauvage ». aux aspects extrêmement variés, reçoit chaque année des milliers de visiteurs. L'église, vaste et intéressante, s'élève au milieu du bourg, mais le vieux cimetière qui l'entourait a disparu. Des restaurations multiples mal conçues et souvent mal exécutées, ont étrangement modifié son aspect, même son plan d'origine et créé un ensemble assez incohérent. Sa souche est très ancienne. En 1047 Geoffroy Martel et sa femme, qui firent beaucoup de leur vivant pour le salut de leur âme, donnèrent à l'Abbaye de Vendôme qu'ils avaient fondée, l'église de Saint-Georges et ses dépendances. Celles-ci s'étendaient sur un quart de l'Ile. En 1089, Eble de Chatelaillon, puissant seigneur du voisinage, s'estimant lésé, s'empara de ces biens magnifiques qu'il revendiquait. Un procès s'en suivit à l'issue duquel Eble fut excommunié... Sans remords et persistant dans son forfait, il le fut quatre fois de suite. Ce n'est que vers la fin de sa vie, qu'il s'inclina devant l'autorité papale. L'église de Saint-Georges revint à l'Abbaye de Vendôme. Cinquante ans plus tard, elle fut attribuée, sous le règne d'Aliénor d'Aquitaine, aux Dames de Sainte-Marie de Saintes. Reconstruite au XIIe siècle par les soins de cette dernière communauté, l'église de Saint-Georges prit une part active aux nombreux événements qui animèrent si intensément la vie et l'histoire de l'Ile au cours du Moyen âge. Maintes fois pillée par les Anglais, saccagée et détruite par les Huguenots, en 1568 notamment, elle fut sommairement restaurée en 1606. Des modifications et des adjonctions ultérieures achevèrent bientôt de lui donner sa singulière apparence actuelle. Telle qu'elle se présente, elle reste néanmoins, avec ses nombreuses parties anciennes, l'édifice le plus intéressant de l'Ile d'Oléron. ![]() Sa façade surtout est remarquable. Elle comprend un large portail à cintre légèrement brisé et deux étroites baies aveugles qui sont des petits chefs-d'œuvre. Quatre grosses colonnes adossées montent jusqu'à une corniche qui porte un pignon obtus reconstruit. Un large oculus troua, ultérieurement, l'espace plein au-dessus du portail. Les vestiges romans, d'apparence archaïque, car très mutilés par l'air salin, sont à détailler. ![]() Les quatre cintres du portail ornés de nombreuses petites moulures et ceux des fausses portes s'appuient sur des colonnes à chapiteaux anciens, bien travaillés. ![]() Les intervalles entre les colonnes et plusieurs colonnes elles-mêmes sont rehaussés de dessins géométriques. Les chapiteaux courts des quatre grosses colonnes de séparation présentent une particularité unique en Saintonge. Ils sont, à raison de trois sur quatre, ornés de petites têtes humaines accolées. Ces têtes, portraits sans doute, et les moulures du portail indiquent une réfection partielle effectuée au XIIIe siècle, qui dut voir en même temps le rétablissement du haut des murs de la nef, des corniches et de leurs modillons. Ces murs surhaussés ont jadis abrité un chemin de ronde couvert. Celui de droite montre encore les restes d'une ancienne porte ornée et à gauche un grand et bel arc en plein cintre. Le croisillon Sud a conservé quelques jolies fenêtres romanes à colonnettes et à cintre ouvragés, d'un travail original et assez fantaisiste. La face méridionale de ce bras de transept a été, au XVIIe siècle, percé sous sa haute fenêtre en tiers-point d'une porte auxiliaire. ![]() Le chevet plat, reconstruit, surmonté d'un haut pignon est occupé par trois grandes fenêtres accolées avec longues colonnettes à chapiteaux à crochets et cintres garnis de têtes de clou. Tout le côté Nord de l'édifice a été complètement rebâti sans style, de chaque côté d'une ancienne tour d'escalier carrée à fenêtres en meurtrière, qui seule dans cette partie, résista à la destruction. Son escalier conduisait autrefois à un clocher roman dressé sur le carré du transept. Un bizarre portique arrondi, utilitaire et sans art, le remplace aujourd'hui. ![]() À l'intérieur les quatre travées de la nef, éclairées chacune au Sud par une fenêtre sans ornements, sont séparées par des demi-colonnes surmontées de chapiteaux à simples cabochons. Sur ces chapiteaux s'appuient des doubleaux en tiers-point portant une voûte en matériaux légers. De puissants piliers carrés terminent la nef. ![]() Au delà se développe, surtout vers la droite, un important transept couvert en ogive à huit branches, avec clés pendantes. Les voûtes du chœur et de l'abside, aussi en matériaux légers, s'appuient sur des piliers semblablement massifs, mais ceux qui encadrent l'abside sont ornés sur leurs faces internes, de groupes de colonnes à chapiteaux à feuillages. A la place d'anciennes absidioles, de longues chapelles latérales alignent leurs murs de fond sur celui du chevet principal. À droite s'ouvre encore une autre chapelle carrée abritant les fonts basptismaux. * * * Dans cette église se remarque une statue de la Vierge, ![]() connue en Oléron sous le nom de « Notre-Dame de l'Ile ». Cette statue de 1m. 70 de haut, ancienne figure de proue, dit-on, d'un navire naufragé, aurait longtemps orné une chapelle du petit village de l'Ile près de Saint-Georges. Le voilier qui la portait se serait échoué sur les rochers, non loin du village de Domino. Au cours de la tempête un prince de « Darmar » auquel appartenait le navire, aurait fait vœu, s'il échappait à la mort, de construire une chapelle à l'endroit où tomberait une flèche lancée par lui. Cette flèche tomba à l'Ile et une chapelle dédiée à Notre-Dame y fut élevée. Elle a disparu, mais des sarcophages ont été trouvés auprès de son emplacement. Cette jolie légende est encore racontée par les vieux du pays. Ils y apportent quelques variantes mais le fond du récit reste le même. Cette statue de bois, classée au Mobilier Historique, semble dater du XVIIIe siècle. Sa facture rappelle peu une figure de proue, bien qu'il en ait existé de fort belles. La finesse de son modelé, la délicatesse de ses draperies aux suaves teintes multicolores, font plutôt penser à une œuvre d'art Saint-Sulpicienne... Supposons qu'elle ait été bien restaurée (ce que certains admettent, car disent-ils, cette statue avait été très mutilée par les protestants) et reconnaissons qu'elle a fait et fait encore l'objet d'un culte très fervent parmi les populations de l'Ile. L'église de Saint-Georges est inscrite aux Monuments Historiques depuis le 27 Septembre 1931. ______________________ Fin du texte de Charles CONNOUË Les églises de la SAINTONGE (livre 2 épuisé) édition: R.DELAVAUD (Saintes) avec leur aimable permission ________________ ![]()
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Vers l'ALBUM "JQ" sur ST-GEORGES d'OLÉRON
FIN rev sept 2011/mepage 2015/2019