L'église de SAINT- DENIS d'OLÉRON (17) 

Texte intégral de Charles CONNOUË

SAINT-DENIS D'OLÉRON

Arrondissement de MARENNES



Le bourg de Saint-Denis, ancien village de pêcheurs, est aujourd'hui une agréable station balnéaire, très fréquentée, située à l'extrémité Nord de l'Ile d'Oléron.


Photo Michel Caron

Son église, très pittoresque d'aspect, est un curieux amalgame d'ancien et de moderne.
En 1047 Geoffroy Martel et sa femme, fondateurs de l'Abbaye-aux-Dames de Saintes, firent don à cette communauté, et entre autres, de l'église de Saint-Denis, de son prieuré et de l'important domaine de Chassiron. A cette donation était jointes des avantages en nature que les chartes de l'époque mentionnent avec un amusant souci du détail et de la précision. Les Dames de l'Abbaye, par exemple, avaient droit chaque année à la dîme des peaux de bêtes, tuées en forêts de l'Ile pour couvrir leurs missels. L'Abbesse pouvait en outre « faire prendre vifs dans les mêmes forêts un sanglier et sa laie, un cerf et sa biche, un daim et sa femelle et deux lapins pareillement mâle et femelle, pour divertir les religieuses ».

Rebâtie en 1162 par Aliéner d'Aquitaine, l'église de Saint-Denis eut, comme toutes celles de la région, beaucoup à souffrir au cours du Moyen âge et surtout au XVIe siècle. Pillée en 1525 par des bandes espagnoles qui dévastèrent l'Ile, elle fut plusieurs fois ravagée par les Huguenots, notamment de 1550 à 1570. Il est intéressant de noter que le berceau du protestantisme en Saintonge fut l'Ile d'Oléron et que le premier prêche réformiste eut lieu en 1i546 précisément dans l'église de Saint-Denis.



Le clocher s'écroula en 1584. Des réparations et des reconstructions partielles s'échelonnèrent par la suite du XVIIe siècle jusqu'à nos jours. 1853 vit l'édification des chapelles et 1877 celle du clocher.



La remise en état de la façade en 1889 conserva heureusement la base de l'ancien rez-de-chaussée, inscrit aujourd'hui aux Monuments Historiques.
L'intérêt de ce monument, qui dans son état d'origine, devait être fort beau et riche, réside tout entier dans sa façade. Celle-ci comprend deux parties : l'une le soubassement primitif jusqu'aux environs du sommet des pieds-droits est ancien et de la fin du XIIe, tout le reste est moderne. Quatre grosses colonnes séparent l'élévation en trois aires.
Un portail en plein cintre à trois voussures portées par des colonnes à chapiteaux est accompagné de baies aveugles à un seul rouleau appuyé sur des colonnes.



Partout des motifs divers, feuillages et dessins géométriques ornent les surfaces et les pleins des baies sont appareillés en zig-zag.
A la hauteur des chapiteaux, ceux-ci compris, commence la réfection.



 Les arcs à claveaux nus sont simplement ornés d'un cordon à pointes de diamant et les quatre grosses colonnes portent de chaque côté d'un oculus quadrilobé moderne, quatre statues de grande taille qui semblent en terre cuite. Ces statues meublent la façade mais n'ont aucun intérêt historique ou archéologique. Au-dessus se développe une balustrade complétée à ses extrémités par deux petits clochetons pyramidaux ajourés.
Sur la terrasse, en arrière de cette balustrade, s'élève un clocher de pierre aux lignes élégantes.



Les murs Nord et Sud de la nef portent une corniche à modillons dont quelques-uns seuls sont modestement travaillés. Des arcs latéraux en tiers-point réunissent en tête des contreforts peu saillants.



Intérieurement l'église de Saint-Denis est du type nef-couloir précédant un chevet élargi. La nef éclairée par une fenêtre au Nord et trois au Sud, fenêtres cintrées sans style, a conservé vers l'entrée quelques colonnes anciennes. Deux seulement ont encore leurs chapiteaux romans.



L'un est décoré de quatre rangées de petits motifs accolés, une autre de grandes feuilles et d'arabesques.
La nef se termine brusquement à l'Orient sans arc sur le transept. Le vaste chevet à trois travées voûtées en berceau (matériaux légers) comprend trois larges allées séparées par des piliers carrés et des baies cintrées.
L'abside demi-circulaire sous cul-de-four est moderne.
Le cimetière qui entourait autrefois l'église a disparu.

____________________Fin du texte de Charles CONNOUË

Les églises de SAINTONGE

(livre II épuisé)

édition: R.DELAVAUD (Saintes) ______avec leur aimable permission_________________________

Le port