L' ÉGLISE  de ROUFFINAC (17)
en SAINTONGE


Texte intégral de Charles CONNOUË
Photos de Alain Deliquet 



Les photos sur ce site peuvent être utilisées exclusivement à des fins non commerciales après autorisation et sous réserve de mentionner la source:
"Site Belle Saintonge"


ROUFFIGNAC

 Commune du Canton de MONTENDRE (à 8 kms au Nord-Ouest de Montendre et à 14 kms au Sud de Jonzac)
Ce bel édifice,   inscrit  à l'Inventaire  Supplémentaire  des  Monuments
Historiques (1926), est encore entouré de son cimetière, à vrai dire en voie de disparition.


L'église de Rouffignac, date du XIIe siècle, mais sauf une partie du chœur et la souche du clocher, elle a été entièrement reconstruite au XIVe siècle et ultérieurement.
Son plan était à l'origine celui d'une croix latine, mais son croisillon Sud abattu n'a pas été rétabli. Deux énormes contreforts l'ont remplacé qui luttent, jusqu'à ce jour avec succès, contre une inclinaison marquée du clocher.

ROUFFIGNAC

Celui-ci, partie essentielle de l'ensemble, s'impose d'abord à l'attention. Sa haute tour octogonale, à toit à peu près plat, s'élève sur une large souche carrée aux angles talutés. Elle se compose de deux étages dont le premier est garni de deux hautes baies aveugles sur chaque face. Les cintres posés sur des pilastres dessinent une arcature circulaire. Huit grandes fenêtres en tiers-point ajourent le second étage, leurs doubles voussures s'appuient sur des ébauches de colonnettes. L'arc intérieur de chacune d'elle est curieusement découpé en petits lobes, ce qui donne à la tour une nette apparence mauresque. Une corniche sur consoles porte le toit.


Photo de Michel CARON

La façade moderne, à pignon obtus, traitée dans le style ogival du XIVe siècle, est percée d'un portail en tiers-point à quatre voussures et d'une fenêtre tréflée à l'étage avec accompagnement de damiers, de têtes de clou, de tores et d'arabesques.

PORTAIL ROUFFIGNAC

 Les chapiteaux des pieds droits sont garnis de feuillages et de médaillons.

ROUFFIGNAC

L'ancien chevet demi-circulaire, a été remplacé par une construction carrée avec triplet à l'orient.

ROUFFIGNAC

Elle a conservé quelques anciennes parties romanes; ce sont les plus intéressantes de l'édifice. Elles font amèrement regretter tout ce qui a disparu. Sont ainsi restés incorporés dans la maçonnerie du chœur, une arcature sur colonnettes à chapiteaux travaillés, un bandeau sculpté, quelques grandes colonnes surmontées de beaux chapiteaux,

ROUFFIGNAC

des vestiges de corniches et de fenêtres romanes.

ROUFFITGNAC


Dans la nef, raccourcie d'une travée à la reconstruction de la façade, se voient encore quelques parties des anciens murs.

ROUFFIGNAC

Le croisillon Nord a conservé aussi des corniches et d'anciens modillons.

ROUFFIGNAC

La nef, à deux travées, sous plafond cintré, prend jour par de longues fenêtres au Sud.

ROUFFIGNAC

 Le carré est recouvert d'une coupole sur pendentifs posée sur des arcs à multiples ressauts.

ROUFFIGNAC

Le chœur, plus encore à l'intérieur qu'à l'extérieur, est riche de beautés sauvées de la destruction. Deux beaux arcs à superbes chapiteaux romans, volumineux et bien travaillés, y compris les tailloirs, l'encadrent. L'un d'eux nous montre,

ROUFFIGNAC

ADAM et EVE dans le paradis terrestre, un autre ADAM au PARADIS régnant sur les animaux, un troisième l'ARCHE gardée par deux personnages debout.  Le quatrième, enfin, des oiseaux s'abreuvant sur le sommet d'une feuille. (Ce dernier sujet est fréquent en Saintonge; non les autres, surtout le troisième, particulièrement original, qui a cependant son « pendant » à l'église de Notre-Dame de Soulac (Gironde) : châsse posée sur un autel gardée par deux personnages, les mains posées sur un bâton ou une épée.
L'église de Rouffignac, d'un haut intérêt archéologique, est dédiée à saint Christophe.


____________________Fin du texte de Charles CONNOUË 

Les églises de SAINTONGE
livre V épuisé

édition: R.DELAVAUD (Saintes)

avec leur aimable permission._______________________________

Faisons parler les chapiteaux....

Sous un tailloir en palmettes _ symbole de l'au-delà_

Pour moi ce n'est pas le prophète Daniel
mais un clin d'oeil

Les 4 lions traditionnels dont deux lui lèchent les pieds,
ils les a soumis comme le prophète !

Ce prélat vit ou a vécu dans la foi comme le montre le livre
des écritures saintes qu'il tient.

Il est montré dans le "V" du signe du bélier _ symbole de vie sans spiritualité _ , mais le sculpteur a pris soin de l'isoler en plaçant sa tête dans un cadre à part.
A la droite du chapiteau de Daniel
Sous un tailloir en magnifique entrelacs _ symbole de l'éternité_ :


des volatiles becquettent ou adoubent un motif de feuilles lancéolées.


Les extrémités du motif de feuilles lancéolées se terminent en fleur de lys _ symbole de chasteté _ orientée vers le ciel.

C'est l'évocation de la chasteté, avec des feuilles lancéolées _ symbole phallique _ sous la domination de valeurs spirituelles _ les volatiles_
Splendide
On retrouve le personnage de la fosse au lions à gauche
Il est devenu abbé d'un monastère
et a réussit à y rapatrier
de précieuses reliques qu'il a placé dans cette chasse.
Une représentation révolutionnaire ?

Ici ÈVE ? qui montre son innocence !

et elle n'est pas du côté du serpent !!!
C'est Adam ? qui s'y colle

Mais en regardant de plus près on retrouve notre personnage de la fosse au lions

Il ne s'agit ni d'Ève ni d'Adam mais de l'évocation de la vie de notre prélat, placée sous un tailloir en rinceaux _ symbole des épreuves à surmonter _
Il n'a pas croqué la pomme !
Il est innocent car resté chaste ce qui à l'époque est considéré comme la sainteté !

La scène est encore un clin d'oeil du sculpteur a une scène hyper connue et hyper représentée.

Voilà les chapiteaux ont bien parlé ...

A.D. Nov. 2023

Retour ART ROMAN

Retour à Belle Saintonge