L'
ÉGLISE de REIGNAC (17)
REIGNAC Commune du Canton de BAIGNES, Arrondissement de BARBEZIEUX (à 6 kilomètres au Sud de Barbezieux) ![]() L'église de Reignac, dédiée à saint Pierre ès-liens, est une importante et belle construction, datant des XIIe et XIII siècles, modifiée par des adjonctions au XVe. Elle dépendait de l'ancien diocèse de Saintes. Incendiée et plusieurs fois saccagée au cours des siècles, elle a néanmoins conservé de nombreuses parties très dignes d'intérêt qui font de cette église malgré ses nombreuses mutilations, un édifice remarquable et fort intéressant à visiter et même à détailler. ![]() Dans sa façade occidentale, s'ouvre un portail à trois voussures flanqué de deux baies aveugles aux cintres légèrement brisés, creusés de moulures. L'étage est occupé, entre deux corniches, par une galerie de cinq baies séparées par des colonnettes. L'une des corniches a presque complètement disparu, ne laissant subsister que quelques gros modillons détériorés, l'autre, la plus haute, en partie détruite par la chute de l'ancien pignon, a gardé ses modillons où abondent les têtes humaines. Un gros contrefort d'angle masque à droite la baie du rez-de-chaussée et la cinquième arcade de l'étage. A gauche, dans une partie ajoutée au XVe siècle, s'ouvre une deuxième porte rectangulaire surmontée d'un oculus. Le clocher octogonal, reconstruit, est percé d'une longue fenêtre en plein cintre sur chaque face et se termine par un toit conique à tuiles plates. ![]() La très curieuse extrémité du bras Nord du transept, traitée comme une façade, constitue une particularité, non certes unique, mais rare cependant et ici très digne d'attention. ![]() Un large portail, aujourd'hui muré, autrefois précédé de plusieurs marches, montre sur sa grande voussure, bordée d'un cordon de pointes de diamant, une double rangée de petites cannelures à angles vifs. Au-dessus de ce qui fut à l'origine une corniche, ![]() une arcature déploie ses cinq cintres sur un groupe de colonnes doubles à chapiteaux bagués. La baie centrale est percée. De jolis panneaux de bonne sculpture romane (remplois) meublent les surfaces pleines à hauteur des tailloirs. On y remarque des arabesques, ![]() des griffons, des personnages isolés sous des arcs en plein cintre portés par de minuscules colonnettes auxquelles ne manquent pas les chapiteaux travaillés. Enfin, posée sur une seconde corniche, très mutilée aussi, une autre galerie, toujours à cinq cintres, déroule ses arcs, tous complétés par un cordon de pointes de diamant. Deux puissants contreforts encadrent cet ensemble attrayant malheureusement très délabré. ![]() Les murs exhaussés du chevet ont été percés de créneaux et de meurtrières desservis par un chemin couvert dont on retrouve les traces sur le bras Sud du transept, troué aussi d'ouvertures défensives. Le chevet constitue une autre curiosité. Toute une partie de ce chevet demi-circulaire est enrobée, y compris les contreforts, dans une construction plus récente, non loin de laquelle se remarque, curieuse opposition, une très ancienne absidiole qui semble antérieure au XIe siècle. Les fenêtres en plein cintre de l'abside, ornées d'un cordon ouvragé, sont séparées par de fines colonnes adossées à des pilastres sur lesquels viennent s'appuyer les retombées d'un autre arc plus grand et à double ressaut bordé d'un nouveau cordon. L'intérêt que présente cette église est ainsi régulièrement réparti à l'Ouest, à l'Est et au Nord. ![]() A l'intérieur, ![]() il n'existait à l'origine qu'une nef à trois travées sous berceau brisé avec colonnes à chapiteaux lisses (une ancienne litre s'y voit encore avec de gros écussons à personnages). Une chapelle gothique lui fut adjointe au XVe siècle, chapelle prolongée par la suite à travers le croisillon Nord, jusqu'à l'alignement du chevet. De grandes baies à arcades brisées la met en communication avec la nef. Les dernières travées s'abritent sous des voûtes à huit branches avec clés pendantes. ![]() Le carré est recouvert d'une coupole sur pendentifs enrichie de deux cordons sculptés. ![]() Autour du chevet divisé en neuf aires dont quatre pour le chœur, de hautes colonnes à chapiteaux peu ornés encadrent cinq fenêtres en plein cintre sans autre décoration que des pointes de diamant. Un cartouche, au-dessus de la porte de la sacristie, porte une inscription datée de 1546. ![]() Dans le cimetière, derrière le chevet, se dresse une jolie croix de procession. ____________________Fin du texte de Charles CONNOUË Les
églises de SAINTONGE édition: R.DELAVAUD (Saintes) avec leur aimable permission._______________________________
A.D. Nov. 2023 |