L'
ÉGLISE de PORT D'ENVAUX (17)
PORT D'ENVAUX Commune du Canton de SAINT-PORCHAIRE (à 9 kms à l'Est de Saint-Porchaire et à 10 kms de Saintes) L'église n'est pas à Port-d'Envaux, mais à Saint-Saturnin de Séchaud, village situé à 1800 mètres au Sud-Est de Port-d'Envaux. Là était le siège de la commune que les habitants appelaient Saint-Sorlin. Autrefois le sénéchal y avait sa résidence ; d'où le nom. Charles Dangibaud estimait que l'église de Saint-Saturnin était « une des plus jolies du département ». En réalité ce vaste édifice, intéressant et digne par de nombreux détails de retenir l'attention, égale et même surpasse de nombreuses églises du département, mais ne peut rivaliser avec les vedettes de la province. L'église de Saint-Saturnin, construite au XIIe siècle, n'a conservé de cette époque que son abside et les murs latéraux de la nef, la base et le premier étage du clocher. D'importantes adjonctions ont été faites au XVe, au XVIe et jusqu'au XIXe siècle. De cette dernière période (1896) date la façade du style flamboyant qui fait porche à l'occident et masque une façade plus ancienne. Le XVe siècle a vu la construction du deuxième étage du clocher, le XVIe la surélévation des murs de la nef. L'église devint alors lieu fortifié par l'établissement au-dessus des voûtes d'un chemin de ronde couvert qui fait le tour de la nef, communique avec le clocher et prend jour sur l'extérieur par de nombreuses ouvertures, meurtrières et embrasures. Le clocher carré a son premier étage orné sur deux faces de trois fenêtres romanes et de deux sur les deux autres. Celles du côté Ouest sont aujourd'hui masquées par la toiture surélevée. Au deuxième étage des fenêtres jumelées et tréflées occupent chacun des côtés. Les murs latéraux de la nef, aujourd'hui percés de grandes fenêtres ogivales, ont encore à leur ancien sommet une magnifique ligne de modillons romans dont la diversité des sujets est curieuse et remarquable. La plupart des motifs habituels y sont représentés. La porte d'entrée secondaire, au bas du croisillon droit, refaite à la même époque que le porche, est l'œuvre des Arnold sculpteurs saintais qui ont également exécuté quelques chapiteaux à l'intérieur. ![]() L'abside circulaire se subdivise en cinq aires séparées par des colonnes montant du sol jusqu'à une corniche à modillons qui se prolonge sur les murs du transept et porte la toiture ; une fenêtre romane orne chaque aire, deux sont ouvertes, deux aveugles et la centrale est masquée par un gros contrefort. La nef compte deux travées, vastes et carrées, voûtées en ogive. La première est en partie occupée par une tribune sous laquelle passe un escalier de sept marches. Des groupes de trois colonnes à chapiteaux courts reçoivent les arcs de la voûte. Deux de ces groupes réunis par un doubleau terminent la nef. Quelques chapiteaux paraissent provenir d'un édifice antérieur. Au delà de la nef se développe le carré du transept avec son curieux appareil de soutènement du clocher. Quatre puissants piliers de maçonnerie se dressent aux angles de ce carré. Aucun ne touche les murs avoisinants et un passage existe à droite et à gauche de chacun d'eux, permettant d'aller de la nef au transept ou de celui-ci au chœur. Ces piliers carrés sont renforcés sur deux de leurs faces par de fortes colonnes engagées dont les jolis chapiteaux portent quatre arcs sur lesquels repose une coupole barlorique sur trompes. Le clocher a été exactement posé à l'intérieur de l'édifice primitif, à la place d'un clocher roman disparu à base plus large. Il y a en Saintonge, d'autres exemples de cette curieuse disposition, à Montils notamment, à Meursac et aussi à l'abbaye-aux-Dames de Saintes, où les coupoles et leurs piliers de soutènement ont été posés à l'intérieur de murs préexistants. Les chapelles occupant les bras du transept, communiquent chacune par une baie en tiers-point avec une seconde chapelle ajoutée ultérieurement à l'orient et qu'une ouverture ogivale réunit au chœur. Celui-ci, voûté également en tiers-point, occupe deux courtes travées dont l'une prend jour par une fenêtre ogivale. L'église est curieusement encadrée au Nord-Ouest et au Sud-Est par deux intéressants manoirs anciens avec tours et fenêtres ouvragées et fortifiées. A1500 mètres au Sud-Est de Saint-Saturnin, au village de Saint-James, a existé une église romane dont quelques pans de murs subsistent. Certains vestiges, recueillis par le fondateur du musée Mestreau, sont actuellement dans la cour de ce musée. Ces modillons et claveaux du XIIe siècle étaient engagés dans les murs d'un bâtiment, ancienne chapelle reconstruite, aujourd'hui dépendance de ferme. En 1792, cette chapelle était déjà en très mauvais état et le peu qui y demeurait fut transporté à Saint-Saturnin. _____________________ Entre Saint-James et Taillebourg se développe la fameuse « Chaussée de Saint-James » qui vit en 1242 (un de ses arcs tout au moins) le victorieux combat que Saint-Louis livra aux Anglais. De l'autre côté du bourg de Port-d'Envaux, le beau château de Panlois dresse, près de magnifiques ombrages, son élégante façade des XVIIe et XVIIIe siècles. ____________________Fin du texte de Charles CONNOUË Les
églises de SAINTONGE édition: R.DELAVAUD (Saintes) avec leur aimable permission._______________________________ Voir le pigeonnier du château de Panlois sur mon site "Belle Saintonge"A.D. oct 2023 |