L'
ÉGLISE de PLASSAIS (17)
PLASSAY Commune du Canton de SAINT-PORCHAIRE (à 4 kms à l'Est de Saint-Porchaire et à 9 kms de Saintes) Lesson donne cette église comme datant du Xe siècle et peut-être du IXe siècle. Une « Histoire » locale, déjà citée, répète consciencieusement ces « indications ». En réalité et une fois de plus, rien ne permet de soutenir d'aussi fantaisistes affirmations. Tout au plus les arcs des murs latéraux et les contreforts-colonnes de l'abside pourraient-ils faire songer à la fin du XIe siècle ; mais il est plus vraisemblable de penser au début du XIIe pour quelques parties et au XVe pour tout le reste. Lesson qui a beaucoup écrit, semble poser en principe que tout ce qui est dents de scie et motifs géométriques en général, est, sinon pré-roman, du moins roman très primitif. Or l'architecture du XIe siècle et des périodes antérieures, qui a des caractéristiques très nettes mais nullement à base exclusive de lignes droites, ne se rencontre qu'à titre tout à fait exceptionnel en Saintonge. ![]() L'église de Plassay, dédiée à Saint-Biaise, offre maints détails intéressants, notamment une décoration de fenêtres spéciale à cette église. Plusieurs de ses ouvertures ont leur cintre formé de trois tores superposés entourés d'un cordon plus large orné de pointes de diamant ou d'arabesques. Ce cintre repose sur des colonnettes d'angle à chapiteaux bien traités. La façade a été refaite au siècle dernier en même temps que toute une série de réparations aux murs et aux voûtes (celles-ci malheureusement en matériaux légers). ![]() La nef compte quatre travées ; quatre colonnes engagées (une seule avec un élégant chapiteau) soutenaient autrefois une voûte plus élevée et sans doute en pierre. Chaque travée est percée d'une fenêtre en plein cintre ébrasée en tous sens, ornées, quelques-unes, de colonnettes restaurées. ![]() Le chœur, plus étroit que la nef, occupe une cinquième travée éclairée par deux fenêtres. Enfin une abside surhaussée, demi-circulaire, sous cul- de-four, reçoit le jour de trois ouvertures dont celle du milieu est à remarquer. Quelques vitraux anciens subsistent encore dans cette église. ![]() A l'extérieur les murs latéraux et l'abside méritent de retenir l'attention. Celui du côté Nord est divisé en aires égales par des pilastres peu saillants montant jusqu'à la corniche, laquelle s'appuie sur des modillons dont quelques-uns travaillés. Quatre grands arcs en plein cintre encadrent chacun une fenêtre romane ornée aux angles de colonnettes supportant un cintre à angle vif bordé d'un cordon de pointes de diamant. Le clocher, reconstruit au XVe siècle, s'élève sur le chœur, mais une partie déborde le mur Sud sur lequel il est à cheval et sa souche repose sur deux contreforts du XVe siècle qu'elle englobe. Au-dessus s'élève un court étage terminé en plate-forme carrée sur laquelle se dresse une flèche octogonale en pierre dont les faces présentent de longues ouvertures en forme de meurtrière. Aux quatre angles de la plate-forme s'élèvent quatre petits pinacles de pierre. La flèche est en outre ornée de nombreux cartouches mutilés et se termine par un aigle bicéphale en pierre. Une longue inscription se développe sur la face Sud du clocher et se lit comme suit : « Cette église paroissiale fut jointe à l'archidiaconat d'Aunis dont Josias François de Latour était prieur et qui fut ainsi en possession légitime de deux bénéfices ». ![]() ![]() L'aigle bicéphale de la flèche est celui des armoiries des Latour de Geay dont, en effet, un des membres était prieur de Plassay au XVe siècle. L'abside, très réparée, a, comme contreforts des colonnes montant jusqu'à la corniche. Des arcs garnis de dents de scie, relient les colonnes entre elles et encadrent chacun une fenêtre ornée à l'extérieur comme à l'intérieur. Le clocher est étayé par de gros contreforts construits en même temps que lui. Sur l'un d'eux il semble qu'au bas d'un glacis subsistent les restes du « léopard anglais ». (Voir, Bussac, Vénérand, Villars-les-Bois), mais des mutilations à peu près complètes ne permettent aucune affirmation. Il est possible aussi qu'il s'agisse d'une ornementation postérieure aux Anglais, prélude de celle que certains imagiers gothiques ont disposée un peu plus tard à la base de quelques arcs ogivaux (Saint-Pierre de Saintes, Hiers-Brouage, etc...), mais les effigies de Plassay n'en ont pas moins été volontairement détruites. ____________________Fin du texte de Charles CONNOUË Les
églises de SAINTONGE édition: R.DELAVAUD (Saintes) avec leur aimable permission._______________________________ ![]() A.D. oct 2023 |