L'église de
MOUTHIERS sur BOËME (16)
Texte
intégral de
Charles CONNOUË
Photos ex wikipédia que je soutiens
et Ministère de la Culture et d'internet.
MOUTHIERS-SUR-BOËME
Commune du Canton de
BLANZAC, Arrondissement d'ANGOULÊME (à 14 kms au Nord-Est
de Blanzac et à 11 kms au Sud d'Angoulême)
La très belle église de Mouthiers est hors limites et n'a
pas appartenu à la Saintonge du XVIe siècle ; mais elle
est du canton de Blanzac et figure avec quelques autres, comme
Trois-Palis, La Couronne, Charmant, Aubeterre, au nombre de ces
édifices particulièrement intéressants et «
à voir » qui jalonnent la zone mal définie
séparant l'ancien diocèse de Saintes de son voisin de
l'Est.

Après avoir guidé le Touriste amateur jusqu'aux plus
lointaines églises saintongeaises, c'eut été une
faute de ne pas l'inviter à franchir quelques kilomètres
supplémentaires dans la même direction pour admirer de
splendides manifestations d'un art roman qui a conservé les
caractéristiques régionales et permettent
d'apprécier certains détails nouveaux et remarquables.
L'église de Mouthiers, inscrite aux Monuments Historiques depuis
1875 date du XIIe siècle, mais elle s'élève
à un emplacement occupé depuis des temps
immémoriaux par des monuments religieux. Elle a conservé
d'ailleurs dans son sous-sol et ses bases des traces et même des
vestiges bien antérieurs au XIIe siècle et qui
remonteraient, selon la légende, à saint Côme et
à saint Damiens, premiers constructeurs d'un édifice
religieux en ce lieu.

Son plan est celui d'une croix latine parfaite avec absidioles et
abside demi-circulaire, clocher sur le carré. Elle a, bien
entendu, subi des modifications, notamment en façade, et
à l'extrémité méridionale de son croisillon
Sud qui a été augmenté au XVe siècle d'une
chapelle supplémentaire servant aujourd'hui de sacristie. Le
clocher a été reconstruit. Il s'était
écroulé en partie au XVIIIe siècle, mais la
réparation n'est plus visible.

La façade à pignon plein étayée de deux
très gros contreforts obliques comprend, un portail roman
à deux voussures ornées de dessins
géométriques et d'un cordon. Les quatre colonnes des
pieds-droits s'agrémentent de jolis chapiteaux. Les baies
latérales ont disparu, mais à leur place, deux anciens
motifs, en provenant sans doute, ont été
insérés dans le mur. Au-dessus du portail une grande
fenêtre à un meneau est encadrée entre deux niches
à galbe, dont les cintres trilobés s'appuient sur des
colonnes romanes.
Les murs de la nef renforcés par de nombreux contreforts n'ont
conservé que par endroits leur corniche à modillons.
Le chevet est une belle composition d'architecture romane. L'abside,
encore couverte (en partie) de sa toiture de pierre, est divisée
en aires par des colonnes adossées à des pilastres et
montant d'une banquette circulaire. Les colonnes portent une corniche
à beaux modillons variés où se remarquent des
animaux, mais surtout des masques humains et de démons. Les
pilastres sont réunis en tête par de petites arcatures
doubles, au-dessous desquelles s'ouvre une fenêtre à
colonnettes et à cordon sculpté. Les absidioles
ornées de modillons ont conservé aussi leur couverture en
pierres plates.

Le clocher octogonal élevé sur le carré du
transept a son étage unique percé de huit hautes et
belles fenêtres au cintre brisé et trilobé.
L'intérieur vaste, élevé et bien construit, offre
à l'œil un imposant aspect avec ses joints de pierre
naturels et ses nombreux arcs bien dessinés.

La nef comprend cinq travées séparées par de
longues colonnes adossées à des pilastres. Sur les
colonnes s'appuient les doubleaux très légèrement
brisés qui portent la voûte de pierre. Les pilastres
reçoivent les retombées des arcs latéraux
encadrant des fenêtres simples.
Les colonnes sont particulièrement remarquables. Leurs
volumineux chapiteaux s'ornent de feuillages et d'arabesques
intéressants, mais vraisemblablement postérieurs à
quelques-unes des bases dont le profil très anar-chique
dénote une haute antiquité (voir PI. 63).
Le transept voûté en berceau brisé a son carré couvert d'une coupole sur pendentifs.
Entre l'absidiole de droite et l'abside existe un passage à
angle droit. L'amorce d'un semblable passage se voit à gauche.
L'abside sous cul-de-four est ornée sur tout son pourtour d'un
bandeau de petits damiers. Une arcature à sept cintres, encadre
des fenêtres dont deux surmontant deux longues niches n'ouvrent
pas à l'extérieur. De beaux chapiteaux terminent les
colonnes.
L'église de Mouthiers, dédiée à saint
Hilaire, fut longtemps un prieuré dépendant d'une Abbaye
Bénédictine de Limoges. De nombreux sarcophages encore
enfouis sont visibles devant la façade.
Une source aux environs de Mouthiers est encore dénommée « Font du Miracle ».
A Mouthiers même existe sur remplacement d'une ancienne
forteresse longtemps rattachée, au Moyen Age, à
l'élection de Saintonge, le beau château de la Rochandry.
____________________Fin du texte de Charles
CONNOUË
Les
églises de SAINTONGE
livre IV épuisé
édition:
R.DELAVAUD (Saintes)
avec leur aimable
permission._______________________________
______________
Une frise sculptée de 3 m de long, d'époque
magdalénienne donc datant d'entre 18 000 à 18 500 ans, atteste
l'ancienneté de l'occupation humaine du lieu.

A.D. 2023
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