L'église romane de MONTPELLIER-DE-MÉDILLAN (17)

en Saintonge

Texte intégral de Charles CONNOUË
Photos d'Alain Deliquet



MONTPELLIER-DE-MÉDILLAN

Commune du Canton de GÉMOZAC à 11 kilomètres au Nord-Ouest de Gémozac et à 16 kilomètres de Saintes.

L'église de Montpellier, dédiée à Saint Martin, est un édifice du XIII siècle remarquable par son unité d'exécution.



 La façade notamment a été construite d'un seul jet sur un plan bien établi et qu'aucune retouche ultérieure n'est venue modifier. Cette rare unité ne signifie cependant pas que la construction élevée à cette époque ait été la prémière à occuper cet emplacement. L'examen du mur Sud prouve le contraire et révèle que des parties d'un monument antérieur ont été réemployées. Ce premier édifice — mais était-il vraiment le premier? (Montpellier est comme Meursac et Rioux bâtit sur une voie préhistorique et a une lointaine origine) — a laissé subsister des traces d'ancien pignon et des fenêtres très étroites, quelques centimètres à peine, au cintre taillé dans une seule pierre ; le tout noyé dans une maçonnerie disparate où le moellon domine. Il semblerait que ce monument précédent ait été détruit par un incendie, car de nombreux moellons réemployés portent des traces de feu. Il était de moindre hauteur, mais plus long, que l'église actuelle. Une travée au moins de la nef n'a pas été rétablie, tandis que les murs ont été sérieusement exhaussés pour donner à la nouvelle façade une hauteur inhabituelle.



Certains commentateurs ont fait ressortir, en effet, " l'élan vertical " de cette façade ; cet élan est indéniable. Il a été obtenu par l'élévation anormale du premier étage, celle du fronton et l'adjonction de très hautes colonnes qui créent trois étroits fuseaux parallèles. Récemment d'ailleurs cet élan a encore été accentué par une heureuse restauration au cours de laquelle le sol devant l'entrée a été sensiblement abaissé.
Le rez-de-chaussée, bâti sur un soubassement formant banquette, comprend un portail à quatre voussures encadré de deux fausses portes. Les arcs sont légèrement brisés. Au premier étage une haute galerie à sept cintres brisés et trilobés est percée en ion centre d'une longue fenêtre à colonneftes. Les colonnes qui montent du sol dépassent largement cette arcature avant de joindre la corniche à modillons qui souligne Je pignon. Toute la décoration est nettement du XIIIe siècle avec ses chapiteaux à crochets, ses larges feuillages vigoureusement traités et ses têtes humaines.
Cette façade a subi elle aussi les atteintes du feu, au XVIe siècle, au cours des guerres de religion. Des traces d'incendie sont encore visibles et la plupart des sculptures du rez-de-chaussée sont mutilées par éclatement.
La nef a deux travées voûtées en ogive avec formerets. Un arc de séparation aux angles amortis en tores est porté par des massifs de colonnes à chapiteaux simplement épannelés. Deux fenêtres aux cintres brisés éclairent la nef par le Sud.
La voûte du carré du clocher semblable à celle de la nef est soutenue par quatre fortes nervures qui se croisent sans clé. Un arc massif à double ressaut s'appuie sur des colonnes adossées à des pilastres et sépare ce carré de la nef. Pas de chœur. L'abside à chevet plat est voûtée en ogive, mais plus légèrement avec liernes et formerefs.
Une chapelle carrée ajoutée au XVe siècle forme bras de transept au Sud ; elle est complétée à l'orient par une autre chapelle semblable reliée à l'abside par une ouverture ogivale.

L'ornementation intérieure de l'église est nulle. Tout au plus est-il possible de citer, accroché au mur Nord un tableau d'assez bonne facture représentant les Saintes femmes aux pieds du Christ sur la croix.



Le clocher massif et carré présente sur chacune de ses faces deux arcs en plein-cintre à double ressaut, encadrant chacun une fenêtre divisée en deux parties par une colonnette centrale. Les tympans de ces fenêtres, décoration aussi simple qu'originale, sont tous percés d'une petite ouverture différente qui est tantôt une circonférence, tantôt une demi-lune, tantôt un trèfle, etc.
La nef et le clocher sont classés Monuments Historiques depuis le 15 Novembre 1913.


 ___________________________________________________Fin du texte de Charles CONNOUË 

Les églises de la SAINTONGE

(livre I épuisé)

édition: R.DELAVAUD à SAINTES 

avec leur aimable permission.____________________________



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