L'église romane de MONTMOREAU (16)


L'église romane de MONTMOREAU (16)

en SAINTONGE

Texte intégral de  Charles CONNOUË 
Photos ex wikipédia que je soutiens et Ministère de la Culture et de Mr Jean-Marie Sicard pour la chapelle.


MONTMOREAU

Chef-lieu de Canton, Arrondissement de BARBEZIEUX (à 26 kilomètres au Sud-Est de Barbezieux)

Montmoreau n'a pas fait partie de l'ancien diocèse de Saintes, mais est à la limite même de ce diocèse vers l'Est et possède deux bijoux de l'art roman :
A. — L'ÉGLISE SAINT-DENIS



Cette belle et importante construction est donnée ici pour le parfait classicisme de ses lignes et la pureté de son dessin.
Elle date, dans son ensemble du XIIe siècle, mais a été restaurée aux XVe et XIXe siècles. Elle figure depuis 1840 aux Monuments Historiques.

Bâtie sur un plan en forme de croix latine, elle comprend, une nef à trois travées et, demie, un large transept avec absidioles et une abside demi-circulaire.
La façade à pignon est divisée verticalement en trois aires inégales par quatre fortes colonnes montant jusqu'à la corniche, sur laquelle s'appuie le pignon. Cette corniche à modillons (quelques-uns travaillés) porte une fenêtre romane à colonnettes.



Au rez-de-chaussée, s'ouvre un grand et profond portail à cinq voussures ornées de motifs géométriques. La plus petite est découpée en lobes. Les deux baies latérales aveugles, à double voussure, ont été agrémentées d'un lion sculpté sur chacun de leur tympan. Au premier étage s'élèvent sur un fin bandeau cinq hautes baies à colonnettes disposées 1, 3 et 1. Leur largeur est inégale, la centrale seule est percée. Tous les cintres extérieurs sont ornés de cordons à pointes de diamant très accentuées qui constituent, à eux seuls, une décoration et suffiraient presque à donner à cette façade, un cachet de réelle élégance. Tous les cintres, bien qu'inégaux, ont tous à peu près la même hauteur. Il en résulte que certains sont surbaissés et d'autres outrepassés.



Le clocher, reconstruit dans le style roman, élève sur une haute souche carrée et nue un étage ajouré sur chaque face de quatre longues fenêtres à colonnettes encadrées par des colonnes à chapiteaux. Ces colonnes montent jusqu'à une corniche à modillons portant une flèche pyramidale d'ardoise. Sur de longues colonnes formant contreforts autour de l'abside (percée de cinq larges baies en plein cintre), repose une corniche à modillons ouvragés.




A l'intérieur, vaste et élevé, où l'on descend par dix marches, les travées de la nef, toutes voûtées en berceau légèrement brisé, sont séparées par des doubleaux posés sur de hautes colonnes adossées à des pilastres. Sur ceux-ci retombent des arcs à double rouleau coiffant soit une fenêtre, sans ornements, soit deux, alors séparées par une colonnette à chapiteau nu. Un cordon de pointes de diamant suit les cintres et un autre court à hauteur des tailloirs des grandes colonnes.
Une belle coupole sur pendentifs recouvre le carré du transept dont les croisillons sont, eux aussi, voûtés en berceau brisé. L'absidiole de gauche a été au XVIe siècle, remplacée par une petite chapelle gothique.



L'abside, du type régional, et voûtée en cul-de-four, est décorée d'une arcature à sept cintres posés sur six colonnes à beaux chapiteaux.

Le ruisseau voisin guérissait de la stérilité les femmes qui venaient s'y baigner.

B.
CHAPELLE DU CHÂTEAU

Montmoreau est bâtie sur le versant oriental d'une haute colline, au pied de laquelle coule la Tude et dont le sommet est occupé par un vieux et important château encore entouré de ses anciennes défenses.



 La partie habitable, reconstruite au XVIIe siècle et encore occupée récemment, est abandonnée aujourd'hui, et s'achemine, malheureusement, elle aussi, comme les bâtiments plus anciens, vers la ruine définitive.
Non loin de l'entrée principale de l'enceinte, sur l'esplanade, d'où la vue est superbe et à laquelle on accède par une suite de rues bordées de belles et nombreuses maisons bourgeoises qui ne dépareraient pas une grande ville ; existe encore à moitié enfouie dans la terre (ou à moitié dégagée) une ancienne chapelle seigneuriale.
C'est un très curieux monument qui étonne à première vue par sa position, son appareillage, mi-partie moellons


Photo Jean-Marie Sicard

et par ses sculptures qui en font un des plus beaux ouvrages d'art roman qui se puissent voir en Saintonge.
Il est lamentable que de pareilles beautés, souvenirs d'un passé aussi riche de perfection que d'histoire, soient ainsi livrées à toutes les déprédations.
Cette petite chapelle, complètement isolée, affecte une forme curieuse, Extérieurement, ses murs droits et à moitié enterrés n'ont aucune décoration. Son plan est bizarre. Autour d'une demi-coupole sont disposées en trèfle trois toutes petites absidioles et vers l'Ouest, une courte nef traversée par un large passage ouvert en biais et de guingois. Mais la coupole (en moellons) repose sur une arcature appuyée sur huit colonnes. Les arcs, les portes, les fenêtres et les colonnes sont ornés de motifs divers et surtout de très beaux et très riches chapiteaux supérieurement travaillés.
Piscine, armoire, cuve baptismale et tous détails encore existants sont à remarquer, à détailler et même à étudier.
Dans ce petit monument de dimensions restreintes, mais si curieusement disposé et dessiné, se trouvent accumulées une profusion de sculptures d'époque et de détails excellemment exécutés, qui suffiraient à orner et à faire la réputation d'une église bien plus importante. Ce bijou roman devrait avoir depuis longtemps retenu l'attention des Pouvoirs Publics.
Il existe en Saintonge des édifices classés qui sont loin de valoir celui-ci. Dégagé des terres et des pierrailles qui l'entourent, il mériterait d'être protégé des méfaits des galopins du voisinage qui en ont fait un terrain de jeux, puis après quelques légères restaurations, enfermé dans une clôture et conservé pieusement et précieusement.
Mais le département de la Charente est (sans l'être toutefois autant que son voisin de l'Ouest) riche en œuvres d'art médiévales. Est-ce la raison pour laquelle il semble se soucier si peu de beautés aussi irremplaçables que celles, par exemple, de Conzac (voir Saint-Aulais), de Marcillac-Lanville, de celle ci-dessus, etc... Peut-on dire, exprimant l'idée de maints visiteurs, que c'est regrettable.


____________________Fin du texte de Charles CONNOUË 

Les églises de SAINTONGE
livre IV épuisé

édition: R.DELAVAUD (Saintes)

avec leur aimable permission._______________________________

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La chapelle Notre-dame
( texte sur le site de la mairie)

La chapelle Notre-Dame faisait partie de la première enceinte du château et n'existe plus aujourd'hui que dans sa partie basse. L'édifice a été classé monument historique en 1952. Située dans l'allée nord de la colline, elle se compose de deux parties bien distinctes appartenant à des époques différentes : la nef porche et la chapelle proprement dite.


Photo Jean-Marie Sicard

On accède à l'édifice par la nef porche. C'est la partie la plus ancienne, elle date de la fin du 10e siècle. Elle comporte deux travées de voûtes plein cintre d'inégales grandeurs parce que l'arc doubleau qui les réunit n'est pas à angle droit. Les murs nord et sud de la travée principale servant de porche sont percés de deux hautes arcades à jour sans fermeture. La travée située à l'ouest ne comporte aucune ouverture. Elle est plus haute que la travée principale, mais moins large et moins longue. Elle forme le narthex de l’édifice cultuel. Vers l'est, une arcade basse donne accès à la chapelle. Dans son orientation nord-sud, cette nef est donc le porche du château et, dans son orientation liturgique traditionnelle ouest-est, elle sert de vestibule à la chapelle.

Le sanctuaire de la chapelle proprement dite date de la fin du 11e siècle. Il est construit sur la plan du saint Sépulcre. Il présente une rotonde romane où rayonnent trois absidioles en cul de four. Elles sont éclairées par des fenêtres cintrées à colonnettes d'ouvertures inégales. Des colonnes libres supportent huit arceaux sur lesquels s'élève la coupole centrale de 5, 85 m de diamètre.


Photo Jean-Marie Sicard

Ces colonnes sont ornées de chapiteaux de grande beauté. Dans l'une des absidioles, une piscine baptismale se trouve dans l'évidement du mur : elle rappelle les éviers en pierre des anciennes maisons rurales de la région. Cette chapelle était couverte de fresques aujourd'hui disparues. Elle abrita des reliques offertes à la vénération des pèlerins. On peut également remarquer un curieux bénitier rudimentaire, en forme d'auge.

Ce type d'édifice, offrait aux pèlerins un abri et un lieu de prière accessible jusqu'à ce que le pont-levis soit relevé. Ils trouvaient ainsi un asile dans l'enceinte du château, mais sans pouvoir accéder aux autres édifices.

Les photos de Jean-Marie Sicard sont sous droits réservés.



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