L'église romane de MACQUEVILLE (17)

Espérons que les gros efforts nécessaires à sa remise en état finiront par être faits et qu'ainsi sera peut-être sauvée une de ces églises qui ont illustré l'art roman Saintongeais.




Destiné à son origine à être plus élevé, il n'a jamais été terminé ou a perdu sa partie supérieure au cours de l'occupation anglaise. Sur une forte souche carrée, réduite bientôt par des glacis, s'élève un étage, également carré, flanqué à l'Ouest par une grosse tour d'escalier arrondie vers le haut. Sur trois de ses faces, l'étage est orné de deux belles et grandes fenêtres romanes avec colonnettes et chapiteaux. Des groupes de cinq colonnes d'angle et un pilastre central portent une corniche à modillons qui borde une plate-forme sur laquelle est posée une sorte de hangar mal joint à toiture plate.
L'abside, aux murs surélevés, autrefois demi-circulaire, a été fermée au XVe siècle par un mur droit avec vaste fenêtre flamboyante, aujourd'hui maçonnée.
La décoration extérieure du chevet, y compris le mur oriental du croisillon Sud est remarquable. Elle rappelle celle des absidioles d'Aulnay (sujets licencieux en plus !)



Mais la partie essentielle de Macqueville reste le mur Nord de la nef.
Il est divisé en cinq panneaux par de petits contreforts montant jusqu'au faîte. Chacuns des panneaux est renforcé par un arc en plein cintre appuyé sur de fines colonnes qui encadrent une fenêtre romane sans décoration. Au sommet, trente-quatre beaux modillons très variés : animaux, masques, etc..., portent une corniche.



La deuxième travée vers l'Ouest est entièrement occupée par une porte latérale, véritable merveille de proportions heureuses et de grâce équilibrée. Elle est malheureusement, comme tout le reste, très mutilée et détériorée par suite d'un long manque d'entretien. Sa forme est celle d'un portique surmonté d'un auvent porté par huit modillons. Au-dessous s'inscrit un cintre à quatre voussures et une archivolte câblée. Le tout appuyé sur six colonnes à chapiteaux (trois par jambage).
La voussure qui continue le chambranle est tailladée de petits sillons creusés dans le sens de l'appareillage. La deuxième est garnie de volutes et de palmettes ; la troisième de rinceaux, de dragons et de motifs inhabituels : par exemple deux paons, fort bien rendus Sur la plus grande à côté de griffons et d'un dromadaire_  autre motif rare en Saintonge et souvenir d'un voyage en Orient — des anges en prière tendent les mains de chaque côté d'un agneau pascal.
Bien que les chapiteaux des pieds-droits soient presqu'entièrement détruits, cet harmonieux ensemble mérite beaucoup mieux que l'état de misère dans lequel il est laissé.
Le mur Sud reconstruit ne présente qu'un intérêt relatif, comme la façade occidentale seulement ornée d'un petit portail et d'une fenêtre romane très simples.
Au début de1949, la nef était interdite au public. Au XVIIe siècle elle avait été recouverte pour remplacer la voûte primitive écroulée au cours des guerres de Religion, d'une voûte d'arête à trois travées. Très massive et très basse (elle n'avait que 4 mètres d'élévation) et bien que reposant sur six énormes piliers en simple maçonnerie, elle exerçait de fortes poussées sur les murs latéraux et devint bientôt dangereuse. C'est cette voûte qui fut démolie en Avril 1949, rendant inutiles les étais et démasquant la toiture. Elle mit à jours cinq travées séparées par de fortes demi-colonnes adossées à des pilastres peu saillants réunis par des arcs brisés à double ressaut. Chacun encadre une petite fenêtre étroite et très ébrasée. Le sommet des murs, d'un tout autre appareillage, indique l'emplacement de la voûte ancienne.
La démolition de la voûte basse n'a pas fait que dégager la nef et écarter un gros danger, elle a mis à jours quelques chapiteaux qui sont parmi les plus beaux de l'art roman en Saintonge. Elle a démasqué aussi quelques vestiges de peintures anciennes en voie de disparition.

Les chapiteaux de fort volume ornant les colonnes de séparation sont abondamment décorés de feuillages, de superbes coquilles et de quelques motifs particuliers qui ne se rencontrent guère ailleurs.
Le bras gauche du transept sur lequel s'élève le clocher est couvert d'une coupole sur pendentifs portée par quatre groupes de colonnes. Il est complété par une absidiole. Sur le bras droit s'étend une voûte de pierre en berceau brisé et sur le carré une voûte en ogive à quatre grosses nervures appuyées sur de fortes colonnes.

Le chevet de Macqueville est rendu spécialement intéressant par ses chapiteaux variés et bien traités .
L'un d'eux représente un homme qui porte sur son cou un quadrupède à crocs et à griffes, sur un autre une sirène aux cheveux épars et aux seins pendants, capture ou apporte un énorme poisson. Il faut sans doute voir là l'illustration de quelques légendes régionales. D'autres chapiteaux qui ont reçu d'originales décorations sont à détailler.
L'ornementation de la nef et celle du chevet accusent deux « faire » nettement différents, donc deux ateliers et peut-être deux périodes de construction. Il semble que l'église primitive ait eu un clocher sur le carré du transept. Toute une partie de cette église aurait été détruite vers la fin du XIIe siècle et remplacée par l'élévation actuelle, ravagée elle-même au XVle siecie par ies huguenots.
L'église de Macqueville est placée sous l'invocation de Saint Etienne.

Les églises de la SAINTONGE (livre III épuisé)

édition: R.DELAVAUD à SAINTES 

______avec leur aimable permission___________________________

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