L'église romane de LANGOIRAN-HAUT (33) Texte intégral de Charles CONNOUËPhotos de Wikipédia que je soutiens du Ministère de la Culture et d'internet LANGOIRAN (Gironde) Commune du Canton de CADILLAC (à 10 kms au. Nord-Ouest de Cadillac) Langoiran possède deux églises; celle du bourg proprement dit, moderne et banale et celles du Haut-Langoiran, romane et superbe, qui se dresse au sommet d'une forte colline, au centre d'un hameau, à 2 kms au Nord-Est de la première. Cette église du XIIe siècle, mais en grande partie reconstruite, a conservé cependant une très remarquable abside, l'une des plus belles, si non la plus belle de toutes celles existant en Gironde. De conception très saintongeaise, cette abside rappelle de beaucoup par son dessin celle de Geay et, en partie par sa décoration, celle de Rétaud, deux des gloires de la Saintonge. Le chevet de Langoiran est à peu près tout ce qui a subsisté de la construction d'origine. Particularité fréquente en Gironde où les destructeurs médiévaux ruinaient plutôt les nefs et les clochers, les nefs par les clochers, car en abattant un clocher, il avaient la quasi-certitude de ruiner la nef en même temps. Les parties détruites ont été relevées en conservant à l'occident un portail à trois voussures en plein cintre avec ses colonnettes à chapiteaux et six modillons encastrés actuellement dans la maçonnerie. Aujourd'hui, ces restes de la façade ancienne sont surmontés d'un clocher moderne à flèche de pierre. ![]() A l'orient se dresse, presqu'intact, le monumental chevet qui a rendu Langoiran célèbre dans les milieux archéologiques. Haut, vaste et majestueux, construit en bel appareil, il est divisé en neuf pans (4 pour le chœur) par de fortes colonnes à chapiteaux montant d'une banquette « ornée » (détail rare). Deux bandeaux sculptés ininterrompus créent dans sa hauteur trois aires horizontales, tandis que les tailloirs travaillés des chapiteaux, continués ou répétés, forment deux autres cordons fractionnés. Chaque grande colonne est accompagnée jusqu'au bandeau du deuxième étage, de deux colonnes latérales sans contact avec elle et les intervalles ainsi ménagés sont garnis de délicates sculptures (rubans, torsades, filets entrecroisés). Ce genre d'ornementation, spécial à Langoiran, s'ajoutant à la décoration très variée des cordons des chapiteaux et des modillons (fleurs, palmettes, câbles, rouleaux, oiseaux — ces derniers très nombreux — animaux, personnages), font de cet ensemble, à la fois élégant et riche, une œuvre magistrale. Les panneaux du rez-de-chaussée sont nus. Ceux du premier étage sont garnis chacun d'une, belle fenêtre à colonnettes (5 percées); ceux du second de deux baies jumelées plus petites et à décoration plus simple. L'intérieur de ce chevet est aussi remarquable que son extérieur. Sous les voûtes en berceau du chœur et en cul-de-four de l'abside se développe une arcature de onze cintres portés par des colonnes alternativement simples et doubles, ornées de chapiteaux bien travaillés, comme le sont aussi ceux des colonnettes des fenêtres et le cordon qui les souligne. L'arc triomphal, dont le tracé légèrement brisé, est d'un dessin très pur, encadre heureusement l'abside où se remarquent parmi les chapiteaux un Daniel avec ses lions et une Adoration des Mages. La même élégance de lignes et le fini des détails qui caractérisent l'extérieur se retrouvent donc ici et complètent ce chef-d'œuvre qui a contribué pour une bonne part à établir la réputation artistique des églises romanes de la Gironde. L'église de Langoiran-Haut, dédiée à saint Pierre, a été inscrite aux Monuments Historiques en 1847. _____________________Fin du texte de Charles CONNOUË Les églises de la SAINTONGE (livre 5 épuisé) édition: R.DELAVAUD à SAINTES ______avec leur aimable permission___________________________ |