FONTAINE-CHALANDRAY (17) 

Texte intégral de Charles CONNOUË
Photos  wikipédia que je soutiens, du Ministère de la Culture et d'internet
 


FONTAINE-CHALANDRAY

Commune du Canton (à 16 kms au Sud-Est d'Aulnay et à 29 kms de Saint- Jean-d'Angély)

Fontaine-Chalandray était autrefois un petit bourg fortifié, dont les murailles constituaient la seconde enceinte d'un château solidement assis au sommet d'une haute colline. Ce château, qui a pratiquement disparu, appartenait aux comtes de Fontaine, opulents seigneurs et riches propriétaires fonciers.
Les défenses de la ville ont été abattues, sauf une porte qui existe toujours. mais les épaulements de terre et les glacis subsistent, ainsi que les chicanes aux différentes entrées du bourg, entrées qui se nomment encore d'ailleurs des « portes ». Des vieilles maisons et d'anciennes constructions, dépendantes du château, donnent à ce village un pittoresque aspect.



L'église paroissiale était jadis à Saint-Maixent, hameau voisin. Elle a disparu, mais on retrouve fréquemment dans le pays des chapiteaux ou des modillons provenant de ses décombres.
L'église actuelle, placée sous le vocable de l'assomption, est l'ancienne chapelle du château. Elle est des plus intéressante et a été inscrite à l'inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 1925.
Son élégante façade romane, bien curieusement décorée, présente sur un mur plat, encadré de deux fins contreforts et terminé par un campanile à deux baies, un portail à trois voussures et une étroite fenêtre. Entre les deux, disposés sans ordre ou tout au moins sans symétrie, sont encastrés quatre panneaux décoratifs sculptés de personnages divers, malheureusement très mutilés.
Les trois arcs en plein cintre du portail sont ornés : le plus petit à gauche de feuilles d'eau (les mêmes que celles de Blanzac et d'Antezan) et à droite d'un rang d'une sorte de coquillages ; la deuxième de losanges et le plus grand de deux rangées de fers de lance, autre imitation de plante aquatique. Les intrados ont eux-mêmes une décoration à base de dessins linéaires. Le cordon d'accompagnement est garni de pointes de diamant.
Les chapiteaux des colonnes des pieds-droits, peu travaillés ont mal résisté aux intempéries.
Directement au-dessus du portail se  développe une large frise d'où se détachent douze personnages assis, la Cène ou les Douze Apôtres. Un peu plus haut et à droite une frise semblable, mais moins longue, présente les quatre évangélistes debout. A gauche, encadré dans une gloire en arc brisé très accentué, un Christ assis. Enfin, à côté dans un quatrième panneau plus petit un sujet indéterminable.
Ces sculptures proviennent vraisemblablement d'un édifice détruit, peut-être l'église de Saint-Maixent, peut-être un oratoire du château. Tous les personnages sont décapités. Ces mutilations sont le fait d'hommes de la Garde Nationale de Gicq, localité voisine, qui, en 1832, entreprirent une « expédition justicière » à Fontaine.
L'intérieur de l'église est un vaste rectangle sans autres saillies que les quelques colonnes séparant les travées, couvertes d'un plafond de bois légèrement cintré. Les voûtes anciennes ont été détruites pendant les guerres de Religion.
Des petites fenêtres en plein cintre très ébrasées percent les murs.
Les colonnes de la nef posées à mi-hauteur sur des consoles peu travaillées s'adossent, entre la nef et le chœur, à des pilastres. Leurs chapiteaux sont, à gauche ornés de feuillages et à droite d'animaux, le tout de médiocre exécution.
Le chevet plat n'a de remarquable que les colonnes contreforts qui à l'extérieur, soutiennent les murs. A l'intérieur, au-dessus du tillis, qui a remplacé une voûte, il existait au début du présent siècle, des peintures anciennes. Elles ont pratiquement disparu.
L'Abbé Mulot, curé de Fontaine, historien érudit, assure que l'illustre auteur  du   Télémaque,   Fénelon,   Archevêque   de  Cambrai,   apparenté  aux seigneurs du lieu, est venu souvent prier et officier dans cette église. Fénelon séjourna d'ailleurs un certain temps en Saintonge, après la révocation de l'édit de Nantes, pour tenter d'obtenir par la persuasion la conversion des protestants. Malgré ses succès, il fut bientôt remplacé par les « dragons du Roy » dont les « exhortations » eurent plus d'effet encore que ses prêches.



____________________Fin du texte de Charles CONNOUË

Les églises de SAINTONGE

(livre III épuisé)

édition: R.DELAVAUD (Saintes)______avec leur aimable permission_________________________


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FIN