L'église
romane d'ÉRAVILLE (16)
Texte
intégral de Charles CONNOUË
Photos wikipédia que je soutiens, du
Ministère de la Culture et d'internet.
ÉRAVILLE
Commune
du Canton de CHATEAUNEUF, Arrondissement de COGNAC
(A 3 kms au Sud-Ouest de Châteauneuf et à 13 kms
au Nord, de Barbezieux)

Église très pittoresque rendue
telle d'abord
par sa position, isolée, non pas, comme en
général, au sommet d'une butte
escarpée, mais
à son pied même, puis par le mur qui l'enclos et
l'allée de tilleuls et de buis épais qui
précède son portail.

La façade comprend un rez-de-chaussée et un
étage
surmonté d'un haut pignon à deux baies campaniles.
Le rez-de-chaussée est occupé par un portail
très
bas à cintre brisé mouluré de nervures
petites et
grosses appuyées sur des chapiteaux du XIIè
siècle
très mutilés, à peine distants d'un
demi-mètre du sol. Toutes les bases et les parties
inférieures des colonnes sont enterrées. Une baie
aveugle
à deux voussures, très mutilées aussi,
flanque ce
portail à gauche, tandis que la partie droite de la
façade est masquée par un gros contrefort.
A l'étage quelques modillons, que l'usure a rendu informes,
portent une fenêtre à claveaux bizarrement
arrondis avec
de chaque côté deux baies aveugles dont les
cintres sont
portés par des groupes de deux colonnes à
chapiteaux
travaillés.
Des petits personnages sont appliqués sur la
façade et
des motifs divers saillent de place en place sur le pignon ; remplois
d'une construction plus ancienne.
Les murs, remontés, sont nus et seulement percés
au Sud de deux fenêtres sans style.
Deux colonnes contreforts étayent l'abside demi-circulaire.

La nef, large rectangle plafonné en bois, est directement
suivie
de l'abside sous cul-de-four, ornée d'une arcature
à sept
cintres, que portent des
colonnes à chapiteaux nus, tandis que les trois
fenêtres
romanes qui l'éclairent ont des colonnettes à
petits
chapiteaux bien traités. L'église d'Eraville est
dédiée à saint Pierre
ès-liens.
Une fontaine de
l'endroit était invoquée contre les
maléfices..
____________________Fin du texte de Charles
CONNOUË
Les
églises de SAINTONGE
(livre IV
épuisé)
édition:
R.DELAVAUD (Saintes)______avec leur aimable
permission_________________________
L'église
fut inscrite au titre des Monuments Historiques le 31 mai 1965.
La restauration de la nef a
révélé de belles fresques:



En 2012
la municipalité d’Éraville a
envisagé des fouilles autour de
l'édifice.
Un diagnostic réalisé en 2011 par Emmanuel
Barbier
(Inrap) a confirmé l’important encaissement de
cette
petite église située sur le flanc d’un
vallon de la
Champagne charentaise.
Le sondage sur le parvis a révélé le
niveau des
bases des colonnes de la façade occidentale à
1,20 m du
niveau du sol actuel. Le long du mur gouttereau nord et sur le parvis,
une aire funéraire a été
décelée.
L’église Saint-Pierre se présente sous
la forme
d’une nef unique se terminant par une abside. Les sources ne
la
mentionnent pas avant la fin du XIIIe siècle.
Cependant, certains caractères architecturaux, notamment au
niveau du chevet et de la façade occidentale, permettent de
rattacher sa construction au siècle antérieur.
Des reconstructions des murs gouttereaux ont eu lieu au cours du XVIe
siècle. Jusqu’à 1858, le
cimetière prenait
place au nord-ouest de l’église ; le plan
cadastral de
1834 le situe au niveau du terre-plein en surplomb de
l’église.
L’opération de fouille
réalisée en octobre
2012 sur 95 m2 a rendu possible la documentation des niveaux
situés au contact de l’église le long
du chevet et
du mur nord ainsi que ceux présents sur le parvis.
Les vestiges mis au jour permettent d’appréhender
une
dizaine de siècles de l’histoire de la
communauté
d’Éraville autour de son église.
Les premières sépultures s’implantent
dès le
Xe siècle selon les résultats des datations
radiocarbone.
Il s’agit de sépultures en fosse rupestre couverte
ou en
coffrage de dalles calcaires.
L’une d’elle est creusée en partie dans
un massif de
fondation qui serait alors le témoin d’un premier
bâtiment sous l’édifice actuel.
À partir du
XIIIe siècle, la zone le long du mur nord est
abandonnée
au profit du parvis.
L’activité des fossoyeurs s’intensifie ;
de nombreux
recoupements et superpositions sont observables. Les inhumations en
cercueil apparaissent à Éraville au XVe
siècle.
L’édifice connaît des modifications
durant cette
phase.
Deux petits contreforts sont accolés au mur gouttereau et un
ballet est adjoint à la façade. Cependant, ce
dernier ne
semble pas perdurer au-delà du XVIe siècle.
À
partir du XVIIe siècle, les inhumations, uniquement en
cercueil,
réapparaissent le long du mur nord et ce jusqu’au
début du XXe siècle comme l’atteste le
petit
mobilier qui accompagnait les défunts (accessoires
vestimentaires, chapelet, monnaie).
L’étude paléobiologique donne une
idée de la
population inhumée à Éraville durant
le Moyen
Âge, bien que l’échantillon
réduit minimise
la portée d’une exploitation statistique et de son
interprétation.
Elle présente un certain nombre de points communs avec les
caractéristiques d’une population naturelle au
schéma de mortalité archaïque. Les
marques de stress
et les pathologies observées sont en accord avec les
référentiels documentés pour les
populations
médiévales. Elle a mis en évidence la
présence de deux individus atteints de handicaps physiques
importants, parfaitement intégrés dans la
communauté des défunts.
La mise au jour de quatre céramiques ayant subi des
opérations de mutilation renseigne sur la pratique de ce
type de
dépôt au sein des sépultures
médiévales. Six blocs
trapézoïdaux massifs
(jusqu’à 46 cm d’épaisseur)
en calcaire blanc
à rudistes ont été
découverts. Trois
d’entre eux ont servi de couvercles à des
sépultures anthropomorphes rupestres ; les trois autres,
situés devant le seuil de l’église,
participent
à l’exhaussement du niveau du parvis avant la
construction
du ballet. Il pourrait s’agir de blocs capables pour le
façonnage de sarcophages de type mérovingien.
Leur emploi
dans ces diverses fonctions révélerait alors la
présence d’un atelier à
proximité.
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