L' église romane d'ÉCOYEUX (17)
Texte
intégral de Charles CONNOUË ECOYEUX (à 9 kilomètres au Nord-Ouest de Burie et à 13 kilomètres de Saintes) ![]() Le bourg d'Ecoyeux sur l'ancienne voie romaine de Saintes à Poitiers, offre un magnifique exemple d'église fortifiée. En Saintonge, où il existe de nombreux édifices du Moyen Age dont la destination était aussi militaire que religieuse et où la plupart des églises présentent des traces d'anciennes fortifications. Ecoyeux est l'une des plus remarquables. Cette église offre l'aspect d'un château-fort. Construite au XIIè siècle et dédiée à Saint Vivien, elle a été classée Monument Historique le 21 Janvier 1907 et fut très heureusement restaurée vers la même époque. Les deux tourelles d'angles en poivrière sur la façade ont alors été surélevées et leurs toitures refaites. Le mur les réunissant, qui au siècle dernier se terminait en pignon, a été surélevé aussi et les créneaux primitifs rétablis. Un chemin de ronde qui court dans l'épaisseur du mur a été dégagé et se prolonge jusqu'au dessus de l'abside derrière un mur droit percé de meurtrières, mur construit ultérieurement sur la corniche de l'abside. La transformation de cette église en ouvrage militaire ne lui a rien ôté de son intérêt archéologique et même de son cachet artistique. L'élégante ornementation très variée et très fouillée de la façade parvenue jusqu'à nous en assez mauvais état, a été remise en valeur. Le portail à quatre archivoltes, les deux baies aveugles qui l'encadrent, la ligne de modillons et la fenêtre qui le surmontent composent aujourd'hui une des belles pages de l'architecture romane saintongeaise. ![]() L'abside, d'un roman très net, présente un réel intérêt. Elle se compose de sept sections séparées par des colonnes appuyées sur une banquette circulaire et montant jusqu'à uns corniche supportée par des modillons en bec-de-flûte. La première de ces sections, celle du chœur est droite. Elle est percée d'une fenêtre en plein-cintre ornée d'une archivolte bordée d'un cordon en pointes de diamant. Au-dessus se développe une galerie formée de cinq arcs romans reposant sur six colonnettes. Le même cordon de pointes de diamant suit le contour des cintres. Les deux sections suivantes semblables mais courbes n'ont plus que quatre arcs sur cinq colonnettes. Les deux suivantes semblables encore, n'ont plus que des fenêtres aveugles. Enfin la section centrale est percée d'une fenêtre au-dessus de laquelle se continue la série des arcs de la galerie. Le clocher, massive tour carrée, et exhaussée, n'a rien de particulier, mais accompagne bien la silhouette de l'église vue de quelque distance. L'intérieur n'est pas en rapport avec l'extérieur. La nef, long rectangle voûté en plein-cintre (matériaux légers), n'a que des murs nus sans séparation de travées. Cinq petites fenêtres très étroites l'éclairent au Nord, contre une seule plus grande au Midi. La voûte était primitivement brisée comme les arcs qui séparent la nef de la travée4e soutenant le clocher et celle-ci du sanctuaire. Ces arcs à double ressaut sont réunis sur les côtés par des cintres semblables encadrant l'un et l'autre une fenêtre romane avec colonnettes d'angles. Ils portent une coupole sur pendentifs ornée d'un double cordon sculpté ; l'un borde l'extrados des arcs, l'autre la base de la coupole. Les chapiteaux sont nus ; seuls les tailloirs des colonnes du chœur sont garnis de deux rangs de demi-besants opposés qui se continuent à la même hauteur tout autour de l'abside. Celle-ci voûtée en cul-de-four est éclairée par cinq petites fenêtres à colonnettes. Le carré du clocher est percé au Nord d'une baie en tiers-point qui donne accès à une chapelle, la seule de l'église. Dans le cours de son histoire ce monument eut à subir de nombreuses violences soit pendant les guerres avec les Anglais, soit au cours des luttes contre les protestants ; mais les scènes les plus tragiques dont furent témoins ces vieilles pierres eurent lieu en 1652. Dans cette année sinistre la commune épouvantée inhuma plus de cent cinquante personnes victimes de la peste. Cette paroisse fut une des plus touchées de la région. Près de l'église d'Ecoyeux se dresse une vieille tour, reste d'un manoir ayant appartenu à la Maison de Polignac dont l'un des membres fut parrain de la cloche en 1621. Dans un village a quelques kilomètres au Nord du bourg, à Saint-Million (Saint-Emilion) existait autrefois une chapelle construite sur des ruines romaines. De cette chapelle disparue il ne subsista longtemps qu'une grosse pierre percée d'un trou. Au siècle dernier l'emplacement de cette chapelle était encore le but d'un pèlerinage. « Là, chacun faisait sur l'herbe un léger déjeuner aux œufs durs, que les habitants du village avaient le privilège de fournir, puis avant de partir et pour se préserver des maux de tête, chaque fidèle passait sa tête dans le trou de la pierre ». ____________________Fin du texte de Charles CONNOUË Les églises de SAINTONGE (livre I épuisé) édition: R.DELAVAUD (Saintes)______avec leur aimable permission_________________________ |
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