Les églises romanes de CONZAC Saint-AULAIS La Chapelle (16)
Texte intégral de Charles CONNOUË Photos ex wikipédia que je soutiens, du ministère de la culture et internetCONZAC SAINT-AULAIS LA CHAPELLE Commune du Canton de BARBEZIEUX (à 10 kilomètres à l'Est de Barbezieux) Cette commune, dénommée en fait Saint-Aulais-la-Chapelle-Conzac, groupe trois anciennes paroisses et possède de ce fait, trois églises. Une à Saint-Aulais, une à Conzac, à deux kilomètres au Nord et une à La Chapelle, à trois kilomètres au Sud. Elles faisaient partie de l'ancien diocèse de Saintes. Dans cette région saccagée par la guerre de Cent ans, les ruines n'ont jamais été complètement relevées. Église N.D. de Saint-Aulais. Édifice très modifié, dédié à Notre Dame (Nativité), qui offre un curieux aspect avec sa nef basse sans clocher et ses deux hauts pignons, un à chaque extrémité. ![]() La façade est simplement garnie d'une arcature à trois cintres. Dans la centrale, la plus petite, s'ouvre la porte sans ornements. Une corniche sur modillons informes souligne le pignon. Les murs du chevet très exhaussés, percés à leur sommet de nombreuses ouvertures de guet, abritèrent une vaste salle de refuge à laquelle on accédait par un escalier logé dans un gros contrefort. A l'intérieur, une nef rectangulaire plafonnée de bois, est suivie d'un chœur et d'une abside à chevet plat occupant chacun une travée, voûtée sur croisée d'ogives avec formerets. Les nervures retombent sur des groupes de trois fines colonnes ou sur des colonnes d'angle isolées, toutes ornées de chapiteaux du XIVè siècle à gros feuillages. De longues fenêtres étroites éclairent le tout. Église St-JACQUES ![]() Elle se dresse en pleine campagne près de quelques maisons et a conservé, en avant de sa façade, une partie de son très ancien cimetière, près duquel a été découvert un souterrain. ![]() Cette église, dédiée à saint Jacques, est aujourd'hui abandonnée et ouverte a tous les vents. La rareté des fidèles avoisinants peut expliquer sa désaffectation, mais ses indéniables qualités artistiques et archéologiques devraient lui valoir une protection efficace de la part des Beaux-Arts, qui accordent souvent un soutien à des édifices qui ne valent pas, de loin, celui-là. ![]() Son plan était, autrefois, celui d'une croix latine avec absidioles sur les bras du transept. Mais durement éprouvée au Moyen Age et incendiée, elle n'a conservé de son origine (XIIè siècle) que son chevet, clocher compris et le croisillon Nord. Le croisillon Sud a disparu définitivement et la nef abattue a été reconstruite sans style, au XVIIè siècle, après avoir été raccourcie d'au moins une travée. La façade actuelle simple, grossière même, est percée d'une petite entrée cintrée, encore fermée (?) par sa très vieille porte cloutée. Le clocher carré, arasé, n'a plus qu'un seul étage recouvert d'un toit plat. Il s'orne sur chacune de ses faces d'une arcature à quatre cintres portés par cinq pilastres. Mais tout l'intérêt de cet édifice se concentre sur l'abside demi-circulaire, que l'on peut sans hésitation, classer parmi les plus belles de la Saintonge. Elle est divisée extérieurement en deux étages par un cordon de double petits cylindres verticaux ; des colonnes adossées à des pilastres partagent le rez-de-chaussée en cinq aires percées de fenêtres et l'étage est garni d'une très élégante arcature comptant treize cintres posés sur des colonnettes dotées de beaux chapiteaux. Une corniche à modillons bien travaillés porte le toit. Malheureusement, au Nord et à l'Est, de vieilles bâtisses enserrent ces vénérables et intéressantes constructions qui, à tous points de vue, mériteraient plus d'égards. L'intérieur est plus remarquable encore ; non la nef, refaite utilitairement, mais toute la partie orientale magnifiquement décorée. Le carré était autrefois couvert d'une coupole. La calotte n'existe plus, mais subsistent la garniture de sa base, une double rangée de petits cylindres alternés et les pendentifs galbés appuyés sur des arcs portés par de gros massifs de colonnes à superbes chapiteaux très fouillés. L'abside est de toute beauté et mériterait à elle seule de spéciales mesures de conservation. Six colonnes (ou huit, si l'on compte les deux accolées aux massifs du carré) partagent son pourtour en sept aires et deux cordons horizontaux de courts cylindres divisent sa hauteur en trois étages, le troisième occupé par la voûte en cul-de-four. En bas, chaque aire est garnie de trois courtes colonnes surmontées de très beaux chapiteaux très travaillés, ornés de branchages, de feuilles, d'animaux et de quelques personnages, tous parfaitement exécutés. Ces chapiteaux portent des petits cintres nus. L'étage au-dessus répète, à peu près, la disposition du rez-de-chaussée. Les colonnes de séparation, appuyées, comme les autres, sur une petite banquette circulaire, encadrent cinq fenêtres (deux aveugles) à trois rouleaux, dont les colonnettes sont, elles aussi, ornées de très fins chapiteaux. La décoration de cette abside vaut autant par sa disposition inhabituelle que par son exécution. Sa haute valeur artistique fait ressortir et rend d'autant plus affligeant son navrant état d'abandon qui ne peut être suivi que d'une ruine totale à plus ou moins brève échéance. Ce sera alors la disparition par incurie, d'un lot de magnifiques sculptures romanes. Sans doute la région est-elle riche en chefs-d'œuvre de ce genre, mais des ensembles pareils, dotés d'autant de délicatesse que d'homogénéité, il en existe peu dans la province ou même ailleurs (1). (1) L'église de Cornac, aurait été classée en 1953. Espérons que cette tardive décision amènera sa conservation. Église de La Chapelle. Au hameau de La Chapelle, s'élève encore, dans son ancien cimetière, une petite église à peu près abandonnée. À moitié recouverte de lierre, elle dresse sa haute tour carrée à toit presque plat percée a son sommet d'ouvertures cintrées très voisines des vestiges d'une corniche à modillons frustes. La façade basse, crépie, sans étage, présente un portail à deux voussures nues flanqué de deux baies aveugles en plein cintre, à une seule. A l'intérieur, où l'on descend par trois marches, des colonnes basses sans chapiteaux adossées à des pilastres séparent trois travées sous voûtes d'arêtes (matériaux légers). Sur la travée suivante s'étend une coupole dont les pendentifs reposent sur des arcs brisés portés par des colonnes à chapiteaux lisses. Il n'existe pas de chœur et l'abside très courte, voûtée en cul-de-four, est entourée d'une arcature à cinq cintres encadrant trois fenêtres (l'axiale bouchée). Les colonnes à chapiteaux nus s'élèvent d'une banquette. Les fenêtres, minuscules extérieurement, surtout celles de la nef, frappent, par leur exiguïté. Une plaque funéraire se remarque à l'entrée de la nef, ornée à son autre extrémité d'un tabernacle sculpté intéressant. Un souterrain existe sous l'autel. ____________________Fin du texte de Charles CONNOUË Les églises de SAINTONGE (livre IV épuisé) édition: R.DELAVAUD (Saintes)______avec leur aimable permission_________________________ |
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