Les  églises romanes de COGNAC (16) 


Texte intégral de Charles CONNOUË

Photos ex wikipédia que je soutiens, du Ministère de la Culture et d'internet.


COGNAC
Chef-lieu d'arrondissement.

La ville de Cognac, belle et plaisante Sous-Préfecture de 20.000 habitants est le centre d'une région géographiquement bien déterminée, spécialisée dans une culture, celle de la vigne, dont le produit industrialisé a su acquérir une renommée mondiale. Cognac a donné son nom à ce produit, ainsi qu'au « Pays » où il s'élabore.
Le développement de Cognac a cependant été tardif.
L'époque romaine l'a méconnue ou tout au moins négligée. La grande voie de communication Saintes-Lyon qui reliait l'Ouest à l'Est de la Gaule Transalpine passait, en effet, plus au Nord, vers Saint-Sulpice et Sainte. Mais le modeste village d'alors contrôlait un des passages Nord-Sud de la Charente et dès le IXè siècle, un château fortifié assura la défense du pont qui. non loin de l'actuel, enjambait la rivière. Ce château eut, comme tous ceux des environs, une vie hasardeuse et changea maintes fois de maîtres. Propriété au XIVè siècle de la famille de Lusignan, il devint par la suite celle des Orléans-Angoulême et en 1494 Louise de Savoie y donna le jour au futur François Ier.



Avant et pendant son règne, ce prince artiste, séduit par la beauté des paysages de la contrée, y séjourna souvent.
La présence de la cour au château de Cognac, fut pour la ville, le début d'une période de grande prospérité. L'accroissement de l'agglomération qui s'en suivit, d'abord entretenu aux XVIè et XVIIè siècles par un actif commerce de vins avec la Hollande et l'Angleterre, fut accru, au XVIIIè, par l'apparition sur le marché des eaux-de-vie régionales et porté enfin à son apogée au XIXè et au XXè siècles par la vogue du « cognac » dont « l'appellation » et le nom, devenus synonyme et symbole de la qualité française, rayonnent aujourd'hui sur tous les continents.
Le développement de la ville de Cognac est donc relativement récent. Il en résulte qu'elle compte peu de monuments très anciens.
Elle possède cependant et il faut citer :
  • L'église Saint-Léger, des XIlè et XIVè siècles, et
  • L'église Saint-Martin du Xllè, peut-être même antérieure, mais hors des murs et qui n'a conservé que de rares vestiges de, son lointain passé.

ÉGLISE SAINT-LÉGER



L'église paroissiale de Saint-Léger, classée aux Monuments Historiques depuis le 28 Mai 1883, est un vaste et bel édifice qui mérite une étude attentive et détaillée. On peut lire sur ses murs l'histoire de la région depuis les premiers Capétiens jusqu'à nos jours.
Elle a contre elle d'être trop peu dégagée des habitations qui l'enserrent de tous côtés et d'avoir subi,  après les nombreuses mutilations qui l'ont défigurée, des réparations souvent malheureuses.
Telle qu'elle est cependant, elle occupe un rang avantageux parmi les belles églises de la Saintonge, car elle a conservé d'importantes et intéressantes parties romanes, notamment en façade.



L'église Saint-Léger a succédé au XIIè siècle à un ancien prieuré. Presqu'abattue au cours de la guerre de Cent ans, puis reconstruite en partie au XIVè siècle, ravagée par les huguenots au XVIè, elle a subi par la suite de nombreuses transformations.
Mais, par un hasard assez extraordinaire, sa façade occidentale a subsisté. Elle s'apparente au style régional : portail avec fausses portes, deux arcatures superposées et pignon orné de deux petits pyramidons aux extrémités. Elle a donc trois divisions dans le sens de la hauteur et trois aussi dans l'autre, les deux hautes colonnes qui encadrent son portail la partageant verticalement en trois aires.



Au rez-de-chaussée, la porte centrale s'orne de quatre arcs en plein cintre. Trois de ceux-ci sont décorés de motifs variés, mais surtout géométriques et de faible relief : losanges, petites croix, marguerites, etc... Le quatrième, le plus grand, est entièrement occupé par un



 zodiaque exécuté presqu'en ronde-bosse ; malheureusement la plupart des petits tableaux mensuels sont mutilés. Certains même manquent.
Les deux fausses portes n'ont qu'un seul rouleau sans décoration, mais présentent par contre chacune un tympan historié dont les scènes sont, bêlas, aussi en très mauvais état. A droite, on distingue encore sous un arc légèrement brisé, un tombeau et quatre Saintes Femmes, mais à gauche, la pierre friable et martelée ne laisse plus apercevoir sous un arc en plein cintre que de vagues personnages figurant peut-être une Ascension.
Les beaux chapiteaux des pieds-droits dont les parties sculptées se continuent à travers les baies aveugles constituent un large et intéressant bandeau où se remarquent un Sacrifice d'Abraham ; un Christ dans une gloire et peut-être un Pésement des Ames.

Une corniche, à modillons très simples, porte le premier étage traversé par une arcature anciennement à sept cintres qu'orne seul un cordon à pointes de diamant. Une autre arcade plus petite se développe immédiatement au-dessus. Elle compte (ou comptait) douze cintres portés sur de courtes colonnettes ; mais au XVè siècle une grande rosace flamboyante a supprimé sans pitié une fenêtre romane, un certain nombre d'arcs et taillé résolument dans les galeries, créant de ce fait un assemblage disparate et sans beauté. Pareil accident avait eu lieu à la même époque à l'église de Surgères, au Nord de la Saintonge. Il a été réparé à la fin du siècle dernier par une remise de la façade dans son état primitif.

Le chevet, peu visible, élève son pignon sur une corniche ornée de modillons. Il est percé d'une grande fenêtre flamboyante.



L'importante tour carrée du clocher se dresse superbement, au milieu des maisons environnantes. Ses trois étages aux angles amortis de colonnes sont ornés, en bas, de quatre baies aveugles sur chaque face, au deuxième étage et toujours sur chaque face, de deux grandes fenêtres en plein cintre rehaussées de tores et de colonnes et au troisième de deux encore, à peu près semblables, mais à cintres brisés et à fins remplages. Une terrasse terminale porte sur une pyramide basse en ardoise, une grêle petite lanterne à toit pointu.



L'intérieur, riche, bien décoré, manque d'élévation malgré des galeries latérales. Les deux travées de la nef s'abritaient au XIIè siècle sous des coupoles. Elles ont aujourd'hui des voûtes sur nervures. Les chapiteaux et les sculptures sont modernes. Le transept du XIVè siècle à croisillons inégaux est couvert en ogive à quatre branches. Le chœur, qui compte aussi deux travées, toujours voûtées en ogive, mais cette fois avec formerets et clés pendantes, est complété par des bas-côtés ajoutés aux XIVè, XVè et XVIIè siècles.
Il faut remarquer une belle chaire à panneaux de bois sculptés, surmontée d'un Saint-Michel terrassant le Dragon, le Maître-Autel et aussi quelques bonnes peintures dont une représentant « la Cène », serait de l'année 1669.

ÉGLISE SAINT-MARTIN



L'église Saint-Martin est l'édifice le plus ancien de Cognac. Certaines parties basses de ses murs sembleraient, en effet, nettement antérieures, au XIIè siècle.
Saint-Martin était autrefois une commune à laquelle était rattaché Châteaubernard. En 1848, le village rejoint par l'extension de la ville de Cognac fut annexé à cette localité. Il en résulta que Saint-Martin église urbaine est aujourd'hui à l'extrémité d'un long faubourg qui s'étend loin en direction du Sud-Ouest. Devant elle s'étale une prairie que coupe un ruisseau alimenté par une source jaillissant à quelques mètres en avant de la façade, source qui fut autrefois l'objet de dévotions.
Cette église, ainsi située hors des anciens murs, a beaucoup souffert et pratiquement peu de chose subsiste de sa construction d'origine. Elle est encadrée à l'Ouest et à l'Est par deux élévations droites à pignon, ajourées de baies. L'une et l'autre ont été reconstruites vers la fin du XIIè siècle et modifiées plus tard. La façade actuelle, comprend, un portail en plein cintre orné de plusieurs voussures à gros tores et d'un cordon de pointes de diamant. Des colonnes à chapiteaux nus garnissent les pieds-droits. De chaque côté et en légère avancée, a été ajoutée une fausse porte, dont le cintre en tiers-point est coiffé d'un gable épais et massif formant mitre. Ces deux baies sont aujourd'hui grossièrement murées.
Au-dessus du portail s'ouvre une fenêtre à colonnettes et pointes de diamant et, au-dessus encore, une large ouverture protégée par un auvent abritant la cloche.
Le chevet droit est percé de trois grandes fenêtres en plein cintre et de deux baies dans le pignon. Au pied du mur, affleurant le sol, se remarquent des sarcophages de pierre avec emplacement pour la tète.
Les murs latéraux portent encore, vers le chevet, des traces très apparentes d'incendie.
L'intérieur, complètement plâtré et peint, couvert d'un plafond cintré a conservé de son ancien arc triomphal, deux colonnes engagées sur des pilastres encore surmontés de leurs chapiteaux romans ; eux aussi peints.
L'église Saint-Martin fut longtemps une vicairie dépendant de Saint-Léger.
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Cognac compte quelques autres églises, plus récentes c'est-à-dire gothiques, ou modernes, parmi lesquelles :

L'ÉGLISE SAINT-JACQUES
Saint-Jacques est une ancienne aumônerie fréquentée jadis par les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle a été remplacée au siècle dernier par une chapelle gothique ornée d'une façade à trois corps.
Au centre, une porte dont l'ogive surmontée d'un gable à crochets est encadrée de deux fines aiguilles montant jusqu'à une jolie rosé qui troue le pignon.
De chaque côté s'élève une tour carrée, percée au premier étage d'une grande fenêtre à remplage et meneau et couverte d'une toiture pyramidale en ardoise cantonnée de quatre petites pyramides de pierre à crochets.

L'ÉGLISE DU SACRÉ-CŒUR
Intéressante basilique de brique et de ciment, dont le clocher ajouré et particulièrement élégant est une belle réalisation qui pourrait servir de modèle aux constructeurs actuels et leur éviter les fantaisies soi-disant "artistiques" qu'ils prodiguent un peu partout pour « l'ornementation »  des cités reconstruites.

L'ÉGLISE  SAINT-MARMET 
 (à 2 kilomètres au Nord de Cognac)



Petite église en ruine, dans un site extrêmement pittoresque, l'un des plus plaisants des environs de Cognac.
Entourée de lierre et de verdure, elle se dresse, près de la Charente, sur un rocher et a conservé vers l'occident, son vieux cimetière où les tombes s'abritent encore sous de grands cyprès.
Un haut pignon percé de deux baies campaniles surmonte la façade dans laquelle s'ouvre une porte à trois voussures presque sans ornementation, et. une petite fenêtre en plein cintre.
Dans la nef, où l'on descend par trois marches, existe encore une ancienne voûte de pierre en tiers-point.
Un arc brisé à double ressaut, aux angles amortis en tore et porté par des pilastres, précède l'abside.
Celle-ci, à chevet plat, couverte d'une voûte de pierre en ogive, avec liernes et formerets, prend jour par trois fenêtres en plein cintre. L'axiale s'orne d'une ébauche de colonnettes.

____________________Fin du texte de Charles CONNOUË

Les églises de SAINTONGE

(livre IV épuisé)

édition: R.DELAVAUD (Saintes)______avec leur aimable permission_________________________




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