L'église romane de CHEPNIERS (17) Texte
intégral de Charles CONNOUË CHEPNIERS ![]() Commune du Canton de MONTLIEU (à 5 kms à l'Ouest de Montlieu et à 30 kms au Sud-Est de Jonzac) Chepniers est l'église dont l'intérieur est le plus complètement et le plus joliment peint de toute la Saintonge. Cependant, d'autres qualités l'imposent à l'attention du visiteur : ses belles dimensions et surtout le soigné de sa construction qui la différencie grandement de ses voisines et suffirait seul à lui faire occuper une place à part dans la région. Elle est inscrite à l'inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Chepniers était autrefois le siège d'une commanderie de l'ordre de Malte; son église date du XIIIe siècle, mais à son emplacement s'étaient autrefois élevées d'autres constructions plus anciennes. En 1776 on découvrit, un peu vers l'Ouest, un vieux cimetière rempli de sarcophages grossièrement taillés, ainsi que les murs de la partie souterraine d'un ancien édifice religieux. ![]() L'église de Chepniers, dédiée à saint Étienne, encore entourée de son cimetière, comprend une haute nef, un massif clocher carré et un chevet droit La façade reconstruite, montre, sous un large pignon obtus et entre deux énormes contreforts, un intéressant portail au cintre brisé, bordé d'un onglet et garni de nombreuses voussures toutes moulurées, sauf la plus petite. Celle-ci, qui est aussi la plus large, est ornée d'une suite de gros motifs végétaux, dont les feuilles en se recourbant forment de volumineux cabochons très saillants. Les pieds-droits ont une décoration toute particulière. Chacun est garni d'une arcature à quatre cintres portés par cinq colonnettes à petits chapiteaux. Les arcs simplement brisés à gauche sont trèfles à droite et surmontés de petits galbes. (La même décoration existe, en plus important, au portail latéral de l'église Collégiale de Saint-Emilion en Gironde d'inspiration saintongeaise). La compénétration artistique des deux régions voisines, amorce ici ses manifestations. Immédatement au-dessus du portail s'ouvre une large fenêtre ogivale à un meneau entourée de plusieurs moulures. Les murs de la nef, reconstruits aussi, avec d'anciens matériaux, sont percés de longues fenêtres étroites aux cintres brisés et portent à leur sommet une corniche sur consoles ou modillons travaillés. Dans le mur Sud s'ouvre une porte auxiliaire du XIVe siècle. Le clocher a conservé sur sa souche romane, au Nord et au Sud, une fenêtre plein cintre. Les étages, en retrait, sont ornés le premier au Nord de trois baies aveugles dont les cintres reposent sur des colonnettes à chapiteaux nus séparés par d'étroits pilastres et au Sud de petits contreforts plats. Le deuxième, qui déborde seul au-dessus des toitures de la nef, est percé sur ses faces de deux larges fenêtres accolées, chacune avec trois voussures sur colonnettes. Les angles de cet étage sont, sur la moitié de leur hauteur, amortis en colonne avec chapiteau. L'édifice se termine par un très beau chevet droit à pignon obtus et une fenêtre carrée. Entre quatre contreforts s'ouvrent à l'orient trois fenêtres longues légèrement brisées, entourées de tores coupées par de très petits chapiteaux et accompagnées de pointes de diamant, d'un oculus et d'une corniche. Celle-ci, qui se continue sur les côtés, percés chacun d'une longue fenêtre, s'appuie sur des modillons dont quelques-uns sont travaillés. L'intérieur, vaste et élevé, est entièrement peint de motifs extrêmement variés : figures géométriques, fleurs, guirlandes, mosaïques; de personnages, de draperies, etc., etc. Pas un centimètre qui ne comporte sa décoration. L'ensemble d'un goût très sûr est équilibré et les dessins sont exacts. Dans la pénombre il faut s'approcher de certaines draperies pour voir qu'elles sont peintes. Cette ornementation, byzantine d'aspect dans son ensemble, date de la fin du siècle dernier. Elle se ternit malheureusement, et s'écaille par endroits. La nef compte deux grandes travées, voûtées en ogive avec clés et formerets. Les nervures retombent sur des groupes de trois ou cinq colonnes, élevées sur une banquette qui se continue tout autour de la nef et du chœur. Les chapiteaux sont ornés de feuillages au Nord et seulement peints au Sud. Remarquer les 12 croix de consécration, dont deux de Malte. Sous le clocher des arcs à double et triple ressaut portent une coupole sur pendentifs, peinte comme tout le reste, mieux que le reste même; avec le chevet. A droite et à gauche, deux courtes chapelles amorcent un transept. L'abside, voûtée comme la nef, prend jour par cinq longues fenêtres à vitraux et un oculus. Les nervures retombent dans les angles sur des groupes de trois colonnes. * Non loin de l'église, coule une abondante fontaine qui fut jadis l'objet d'un culte spécial remontant très probablement à la plus haute antiquité. ____________________Fin du texte de Charles CONNOUË Les églises de SAINTONGE (livre V épuisé) édition: R.DELAVAUD (Saintes)______avec leur aimable permission_________________________ |
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