L'église romane de BRIE sous MATHA (17)

Texte intégral de Charles CONNOUË
Photos ex Wikipédia 

BRIE-SOUS-MATHA


Commune du Canton de MATHA (à 8 kms au Sud-Est de Matha et à 27 kms de Saint-Jean-d'Angély)



L'église de Brie-sous-Matha offre un très intéressant exemple d'église transformée en forteresse au Moyen Age.
La plupart des édifices religieux de cette région ont servi de lieu de refuge où la population alertée venait s'enfermer, soit pour résister, soit pour attendre du secours. Beaucoup n'ont reçu que des aménagements de fortune effectués dans la hâte. L'église de Brie a été spécialement et sérieusement transformée en centre de refuge. Le choeur et l'abside murés vers le bas ont été largement surhaussés, de sorte que le chevet ressemble aujourd'hui à une haute tour percée de meurtrières et d'ouvertures rectangulaires de guet, ayant vue sur toutes les directions. La salle ainsi créée au-dessus des voûtes était divisée en deux étages par un plancher.
Ces mesures de protection n'étaient pas de simples précautions imposées par des craintes illusoires. L'église de Brie eut à subir de durs assauts comme en témoignent les traces de balles, les parties détruites et les nombreuses traces d'incendie qui apparaissent encore sur les murs restés debout
L'aspect de cet édifice est très archaïque, mais l'est surtout du fait de transformations hâtivement et grossièrement exécutées. Il a été bâti au XIVe siècle sur une souche du XIIe, dont il ne reste guère que les arcs du choeur et, le rez-de-chaussée de la façade, où l'on peut voir, entre deux larges contreforts, un portail à trois voussures peu ornées.
La corniche qui surmonte cette partie ancienne est très curieuse. Elle est appuyée sur une suite de très petits arcs lombards retombant sur des modillons travaillés. Sur cette corniche se dresse un pignon plus récent terminé par une pointe bizarre et fruste.
Sur le mur, séparant la nef du chœur, s'élève un campanile à deux baies, également de construction grossière.
Le mur de la nef a été, au cours de sa réfection, renforcé par deux grands arcs brisés où l'ouvrier a eu soin d'incorporer le cintre bien travaillé de deux jolies fenêtres romanes.
A l'intérieur, la nef à plafond cintré n'a comme ornementation que deux grands arcs en tiers-point encadrant de petites fenêtres. Elle se termine à l'orient par un mur percé d'une baie dont le cintre légèrement en forme de fer à cheval rappelle l'art mauresque. Cet arc repose sur des groupes de trois colonnes à jolis chapiteaux auxquels une abondante couche de chaux enlève malheureusement toute finesse.
Le chœur, voûté en pierre, montre à droite et à gauche deux grandes baies brisées. Celle de gauche est murée, celle de droite donne accès à une chapelle plafonnée de plâtre.
L'abside courte, si courte que l'autel, dédié à Saint Pierre, y loge à peine, est séparée du choeur par un arc à beaux chapiteaux (dragons et scènes diverses). Il existerait sous le chœur de vastes souterrains renfermant de nombreuses sépultures de religieuses d'un couvent des Dames de Fontevrault, jadis attenant à l'église.

Le chœur a été classé Monument Historique le 4-9-1913.

 ___________________________________________________Fin du texte de Charles CONNOUË 

Les églises de la SAINTONGE

(livre III épuisé)

édition: R.DELAVAUD à SAINTES 

avec leur aimable permission.____________________________


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