L'église romane de BERNEUIL (16)
L'église romane de Berneuil, qui dépendait de l'ancien diocèse de Saintes, est un important et curieux édifice. Avec sa cloche datée de 1614, il a été classé Monument Historique en 1914. ![]() La grosse tour carrée et tassée de son clocher est remarquable avec ses deux étages bas, le second arasé, dont les faces sont chargées de six courts pilastres portant une corniche à modillons sur laquelle s'appuie un toit presque plat. Sauf une étroite fenêtre à l'Est et une à l'Ouest, tout le reste a été muré, à l'exception de très petites ouvertures de guet. La plupart des murs exhaussés témoignent du rôle guerrier joué par cet édifice au Moyen Age. De très gros contreforts étayent les murs de la nef. Ils sont réunis en tête par des arcs brisés qui encadrent chacun une fenêtre romane sans ornements. Une tour d'escalier ronde, où se voient des traces de mâchicoulis, est engagée dans l'angle Sud-Ouest du transept. Tout auprès, existe encore les vestiges d'une ancienne porte en plein cintre surmontée d'un arc et d'une corniche sur de gros modillons. Des fenêtres en ogive sont partiellement murées. L'abside demi-circulaire et haute a ses colonnes-contreforts, dressées sur une banquette, reliées par des arcs encadrant des fenêtres romanes presque nues. Les absidioles, de même style, sont, comme elle, ornée d'une corniche sur modillons. D'autres modillons garnissent les murs du transept et soulignent les exhaussements opérés en vue de la défense. La façade à pignon est fort intéressante, quoique mutilée une première fois, puis refaite en partie et mutilée à nouveau. Au rez-de-chaussée s'ouvre entre deux contreforts d'angle, au dessin bizarre, un portail flanqué de deux baies aveugles à trois et deux voussures toutes ornées de tores et d'un cordon à têtes de clou. Dans les tympans ont été incorporées d'anciennes sculptures représentant des dragons de diverses grandeurs et formes. Au premier étage se déroule une arcature dont les cintres retombent sur des groupes de colonnes et de pilastres. Un deuxième étage (ou un large pignon) a été ajouté au XVIe siècle, sensiblement en retrait sur une partie talutée. A moitié détruit, il n'en subsiste aujourd'hui que la partie centrale encore ornée d'une belle niche tréflée agrémentée d'attributs gothiques, aiguilles, feuilles de choux, etc., avec immédiatement au-dessus, dans un encadrement, un Christ sur la Croix accompagné, à la mode des calvaires bretons, de deux statuettes de la Vierge et de saint Jean. L'église étant construite sur un terrain en forte déclivité, on descend dans la nef par sept marches (particulièrement anciennes et usées) et le sol continue à s'incliner très sensiblement vers l'autel. Les quatre travées de la nef, couvertes d'un berceau brisé en pierre, sont renforcées par des arcs latéraux encadrant des fenêtres avec colonnettes à chapiteaux nus. Près de l'entrée, des traces d'une ancienne voûte d'ogive sont encore visibles. Une coupole sur pendentifs recouvre le carré du transept. Elle repose sur des arcs à triple ressaut et sa calotte est (détail exceptionnel) trouée de deux oculus. Le chevet est entouré d'une arcature à neuf cintres, quatre étroits pour le chœur, cinq pour l'abside voûtée en cul-de-four avec fenêtres ornées de colonnettes et colonnes de séparation à chapiteaux nus. L'église de Berneuil, est dédiée à la sainte Vierge (Nativité). Des souterrains existeraient sous l'église et sous la colline qui s'élève en face. ____________________Fin du texte de Charles CONNOUË Les
églises de SAINTONGE édition: R.DELAVAUD (Saintes) avec leur aimable permission._______________________________ |