L'église
romane d'AUTHON-ÉBÉON
L'église d'Authon est une des églises les plus fortifiées de Saintonge, ou mieux encore, l'église d'Authon est une des plus belles églises fortifiées de Saintonge. Elle partage cet honneur avec Ecoyeux. Sa silhouette massive, carrée et crénelée, vue de quelques centaines de mètres et principalement du côté Nord, l'apparente plutôt à un château-fort qu'à une église et l'impression ressentie en pénétrant dans sa nef est celle d'entrer dans une casemate. Sur la façade occidentale se déroule une courtine avec chemin de ronde abrité derrière des merlons. A l'autre extrémité, son mur de chevet, très élevé et couronné aussi de créneaux, est complété en son milieu par une bretèche surmontant et défendant la fenêtre axiale de l'abside. Les murs latéraux enfin, n'ont que des ouvertures de quelques centimètres de largeur, plutôt meurtrières que fenêtres. Le clocher, tour carrée, à toit plat est le donjon qui domine cette forteresse et permet la surveillance des environs grâce aux fenêtres de guet qui percent chaque face de son étage supérieur. Tel qu'il apparaît avec son aspect militaire et rébarbatif, cet édifice n'a cependant pas découragé les assaillants, ainsi qu'en témoignent les multiples traces d'incendie, notamment sur le côté Nord où de puissants contreforts ont dû être ajoutés pour consolider les murs ébranlés. L'église d'Authon, car il s'agit cependant d'une église, est dédiée à la Sainte Vierge (sous le titre de l'Assomption). Elle présente une façade à trois voussures, une petite fenêtre à colonnettes et une courte corniche à modillons. Mais la décoration des plus sommaires de ces différentes parties est quasi enfantine. L'un des chapiteaux d'une colonne des pieds-droits est orné (?) d'un maigre animal debout, chien, vache ou gazelle qui paraît juché sur six pattes... L'intérieur, où l'on accède par une petite porte latérale Nord, est particulièrement sombre. L'obscurité est encore accrue par la peinture dont les murs sont recouverts, qui a pris avec le temps une couleur foncée indéfinissable. Deux motifs : végétal et monogrammes inlassablement répétés, n'atténuent pas la monotonie de l'ensemble. Tout est peint : murs, voûtes, arcs, colonnes et mêmes les chapiteaux. Cet intérieur, en forme de long rectangle, est divisé en six travées : quatre pour la nef, deux pour le chevet. Les travées de la nef sont délimitées par des colonnes engagées à chapiteaux nus, flanqués de petits culs-de-lampe qui reçoivent les retombées d'arcs et de formerets sur lesquels s'appuient des voûtes d'ogives. Les nervures se croisent sur des clés sculptées. Deux groupes de trois colonnes adossées à des pilastres peu saillants portent un robuste arc à double ressaut, légèrement brisé, qui sépare la nef du sanctuaire. Les deux travées de celui-ci semblables à celles de la nef, ont leurs murs percés de fenêtres en plein cintre sensiblement plus larges. Elles sont ornées de courtes colonnettes trapues à grosses bases et à chapiteaux garnis de quelques volutes. La fenêtre axiale plus élevée est aussi plus importante. Deux baies voisines ajourent le mur Sud. L'une en tiers-point, donne accès à une chapelle voûtée en berceau brisé, l'autre en plein cintre ouvre sous le clocher sur un espace couvert d'une coupole demi-sphérique sur trompes très courtes. Par un contraste assez singulier, les fenêtres de la nef sont ornées à l'extérieur, comme celles du sanctuaire à l'intérieur ; par contre, celles du sanctuaire ornées à l'intérieur, ne le sont pas à l'extérieur (sauf la médiane). Les aménagements subis par cette église font supposer que sur les ruines d'une construction du XIIe siècle a été élevé, quelques deux cents ans plus tard, d'un seul jet et sur un plan complet, tout un édifice mi-guerrier, mi-religieux qui est arrivé intact jusqu'à nous. Il existerait des souterrains sous l'église. ____________________Fin du texte de Charles CONNOUË Les
églises de SAINTONGE édition: R.DELAVAUD (Saintes) avec leur aimable permission._______________________________
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